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Cinéastes Invités

5 long-métrages micro-budget à découvrir

par Pascal Plante

Bien le bonjour,

 

(1) Pour souligner le fait que Déserts soit toujours à la Cinémathèque, (2) pour mettre en relief le sublime Werewolf, lauréat du prix du meilleur film canadien au FNC, et (3) puisque j’ai moi-même un long-métrage en chantier créé à partir des mêmes fonds, je vais m’amuser à vous présenter cinq films marquants qui ont été produits sous le programme de création à micro-budget de Téléfilm Canada. Parle-moi de t’ça, un beau conflit d’intérêts bien assumé !
 

Les 5 films choisis dissimulent avec brio leur « micro » budget en tournant plutôt cette contrainte à leur avantage, proposant ainsi des expériences cinématographiques marginales, uniques, essentielles à la diversité et à la richesse de notre cinéma québécois.

 

Les voici.

 

Bienvenue à F.L. (2015, Geneviève Dulude-De Celles)

 

Magnifique documentaire au regard tendre, Bienvenue à F.L. prête la parole aux finissants d’une école secondaire pour dresser une mosaïque authentique des états d’âmes de la jeunesse d’aujourd’hui. On se surprend de la répartie philosophique de ces adultes-en-devenir tant leurs points de vue sont articulés et tant leur sensibilité à fleur de peau se manifeste avec une grande lucidité par rapport à leurs rapports envers les autres, envers eux-mêmes, et envers leur épée de Damoclès : leur avenir.

 

Déserts (2016, Charles-André Coderre  et Yann-Manuel Hernandez)

 

Indissociable de la prouesse de sa production audacieuse, Déserts, c’est Death Valley filmé en pellicule à travers la carcasse d’un Hubert Proulx à l’abandon ; ce sont ces paysages arides qui défilent et qui s’entremêlent ; c’est cette notion du temps et de l’espace floue et élastique ; ce sont ces êtres impénétrables qui se perdent pour mieux se retrouver. Plus convaincant dans ses expérimentations formelles que dans sa trame narrative, Déserts propose néanmoins un geste de cinéma radical dans lequel on se plaît à se perdre : son, image et musique.

 

The Lockpicker (2016, Randall Okita)

 

Court-métragiste de renom, Randall Okita surprend avec ce premier long-métrage de fiction qui tend davantage vers le réalisme que le maniérisme grandiloquent de ses œuvres antérieures débordantes d’effets visuels. Ceci dit, lorsque The Lockpicker s’aventure en marge de son ton naturaliste, le film prend systématiquement son envol. Okita aurait gagné à capitaliser davantage sur ces digressions stylistiques, mais on accepte qu’il avait plutôt la modestie de créer un film collaboratif, qui incluait au maximum les adolescents dans la conception de ce récit axé sur la détérioration psychologique d’un jeune délinquant.

 

Werewolf (2016, Ashley McKenzie)

 

Un couple de junkies en traitement de maintien à la méthadone tente de se sortir de leur dépendance. Enfin… elle, plus que lui. Ce décalage entre elle et lui est à la source du drame ; voilà tout. Filmé tout en intimité, avec des cadrages volontairement décalés, Werewolf donne vie à des personnages à moitié vivants ; à des écorchés invisibles qui tentent de recouvrir leur dignité. Un film sobre, sensible, qui touche droit au cœur.

 

A (2017, Mitchell Stafiej)

 

Présenter A, c’est de la triche pure et dure, car il n’a pas encore eu sa première… mais bon, puisque j’ai travaillé à la conception sonore et au mixage, j’ai un passe-droit. Ah, et puis je ne suis pas à un conflit d’intérêts près avec ce billet, donc… pourquoi pas.

Dans ce film de fiction expérimental tourné en 16mm, un musicien alcoolique encabané dans son appartement lugubre s’enfonce dans une beuverie qui écorchera son couple, sa famille et sa carrière. Présentant une distribution composée exclusivement de musiciens, A prend d’assaut tous nos sens en proposant une expérience cinématographique immersive, hypnotique et ténébreuse. Si vous avez aimé le Maudite poutine de Karl Lemieux, vous trouverez votre compte avec A, quelque part en 2017. À suivre…

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Ma prochaine entrée de blogue sera vraisemblablement après Noël… donc je vous souhaite à tous un joyeux Noël. La santé, pis toute.

À bientôt !


20 Décembre 2016