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Cinéastes Invités

Entrevue avec l’actrice Carla Turcotte

par Kristina Wagenbauer

Dans ma lancée de vouloir jouer à la journaliste, j’ai choisi d’interviewer une fille qui, je trouve, a beaucoup de choses intéressantes à dire, mais qui très souvent fait juste réciter du texte écrit par quelqu’un d’autre.

C’est une magnifique actrice et c’est aussi le visage du personnage principal de mon premier long métrage, Sashinka. Elle se trouve dans chaque scène et probablement dans chaque plan 🙂 on a travaillé ensemble à tous les jours ou presque pendant 4 mois. Quand le tournage a été fini, un de mes plus grand deuils à été de devoir m’en séparer.

Je prends cette opportunité pour la retrouver et lui poser quelques questions.

 

Pourquoi le cinéma?

Adolescente, je me souviens avoir écouté des films en boucle sans me lasser. J’apprenais les dialogues, mais c’était surtout des films d’aventure américains, le vidéoclub du village avait une sélection assez restreinte de films. À 15 ans, j’ai découvert les films Rosetta, Jules et Jim, Morven Callar, Elephant et Gerry de Gus Van Sant. Je découvrais ces films avec beaucoup de curiosité, d’intérêt et de questions. Pourquoi le film est en noir et blanc? Pourquoi certains personnages féminins me touchent autant? Pourquoi le film a un rythme si lent? Pourquoi le montage est si saccadé? Pourquoi il n’y a pas de son, dialogue ou musique dans cette scène? Ça peut aussi être ça le cinéma?!
Comment as-tu décidé de devenir actrice?

J’ai commencé à jouer dans les films de Rafaël Ouellet qui tournait dans mon village.

J’avais accepté de jouer par curiosité, c’est vraiment sur le tournage de New Denmark que j’ai pris goût au jeu. Après Finissant(e)s, c’était le moment de quitter mon village natal et j’ai décidé de tenter ma chance à Montréal, d’aller étudier en cinéma. J’ai trouvé une agence et les rôles se sont enchainés.
Quels sont les rôles dont tu es le plus fière?

C’est clair que le rôle de Sasha est le rôle le plus complexe qu’on m’a confié. Jouer une musicienne, c’est un défi qui m’emballait et travailler avec Natalia Doncheva, c’était une belle leçon de jeu. Improviser et constuire la dynamique de Sasha/Elena avec elle, c’était un vrai charme.

Je tourne présentement sur une série télé (Les invisibles) dans laquelle je joue un personnage (Camille) que j’affectionne particulièrement à cause de nos parcours un peu similaires. Elle quitte sa vie en région pour s’installer dans la grande ville, elle entame le début de sa vingtaine et je me revois débarquer à Montréal, il y a 9 ans déjà. Je revis ces étapes un peu à travers elle, c’est étrange comme métier!
Quel genre de rôle rêves-tu de faire?

J’aime le travail de Liv Ullman (Scènes de la vie conjugale, Persona), Charlize Theron (Monster, Tully), Nicole Kidman (To Die for, The Beguiled), Cate Blanchett (I’m Not There, Blue jasmine), Tilda Swinton (Only Lovers Left Alive, We Need to Talk About Kevin), Natalie Portman (Black Swan, Jackie, Closer). Ce sont des femmes qui m’inspirent et qui incarnent des personnages forts et complexes.

Rosamund Pike dans Gone Girl.

Robin Wright dans House of Cards.

Amy Adams et Patricia Clarkson dans Sharp Objects.
… Je pourrais continuer encore longtemps.
Qu’est-ce que tu aimes le plus de ton métier?

Construire la psychologie des personnages et travailler avec des gens qui ont une vision qui m’emballe. Qui me donne envie d’embarquer dans leur univers. De raconter des histoires.
Si tu pouvais changer le monde avec ton métier, qu’aimerais tu changer?

J’aimerais, pour la suite du monde, contribuer au changement de l’image de la femme au cinéma. De continuer le travail déjà entamé de représenter une image différente de celle de la femme dans le regard de l’homme que l’on voit depuis si longtemps. Qu’on continue dans cette direction. Cyndi Sherman, Anais Nin, Sofia Coppola et Shirin Neshat, pour ne nommer que ces femmes, ont contribué ou continuent de contribuer à ce changement à travers leur art.
As-tu d’autres ambitions que le jeu?

J’aime écrire. Je m’intéresse aussi à la réalisation. Mon premier court métrage, Des grandes journées d’temps, est un portrait documentaire tourné au Bas-Saint-Laurent.
Quels sont tes trois films préférés?

FISH TANK – Andrea Arnold

DAYS OF HEAVEN – Terrence Malick

MARGOT AT THE WEDDING – Noah Baumbach

 


16 octobre 2018