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Cinéastes Invités

La fois où…

par Geneviève Dulude-De Celles

Je me suis récemment occupée de la figuration sur un plateau de court métrage à L’Isle-Verte. En tant que plus ou moins troisième assistante réalisatrice, je devais enseigner une chorégraphie de bastringue à mes figurants de l’Isle (!!), pour une scène de fête se déroulant sur le bord du quai. Une amie de la réalisatrice, danseuse, nous avait aidés en pré production à la chorégraphier. La réalisatrice et moi l’avions apprise au meilleur de notre intelligence spatiale et kinesthésique: un peu tout croche, mais avec plein de bonne volonté. Nous sommes arrivées à l’Isle avant l’équipe pour enseigner les rudiments de cette danse à nos quatre couples de volontaires. Nous leur avions donné rendez-vous au quai de la marina pour voir dans l’espace de quoi aurait l’air la chorégraphie. Je n’avais pas eu la chance de les rencontrer avant ce rendez-vous sur le quai. Je leur avais parlé à maintes reprises au téléphone, mais n’avais aucune idée de quoi ils auraient l’air. J’apostrophais donc au passage les gens qui me semblaient susceptibles d’être les Claudette, André, Léonce à qui j’avais parlé. Un homme arrive au quai à bicyclette, je m’adresse à lui : «Paul ?» Le monsieur me salue en levant sa casquette, puis me répond «non». Son visage me dit quelque chose, mais je n’arrive pas tout de suite à le reconnaitre. Je trouve enfin mon vrai Paul et nous débutons notre pratique. Tandis que je massacrais les pas chassés sous le regard perplexe de certains danseurs beaucoup plus qualifiés que moi, je remarque du coin de l’œil un autre visage familier : je reconnais alors Catherine Martin et me rends compte du même coup que l’homme à bicyclette que j’avais pris pour Paul, était en fait Bernard Émond…

crédit photo : Sandrine Brodeur-Desrosiers (Notez bien mon AISANCE de chorégraphe…)

Notre scène de danse s’est très bien déroulée. Nos figurants de l’Isle ont été extrêmement généreux et coopératifs, malgré le vent et la température fraiche qui contrastaient avec leurs costumes estivaux. Comme les conditions de tournage étaient difficiles et que nous avions pris un peu de retard avec la scène de la fête à la marina, nous avons dû remplacer les figurants dans la scène suivante, où nous les voyions de toute façon de façon très floue en arrière-plan. Tous les membres de l’équipe disponibles ont donc revêtu en urgence les costumes de nos figurants, dansant et gesticulant pour créer du mouvement dans l’image : il s’agissait pour nous d’un grand moment ô combien absurde, où nous nous heurtions littéralement les uns sur les autres. Mais vous n’y verrez que du feu !

 

crédit photo : Robert Desrosiers


7 juillet 2015