Panthères noires
par Nicolas Brault
— Malgré les 8000 km qui séparent Montréal de Sao Paulo, j’ai parfois l’impression que mon quotidien québécois est resté accroché aux touches de mon clavier. Quelques projets nomades ont ainsi occupé les rares temps libres de ma résidence brésilienne qui tire déjà à sa fin. —
Le 20 novembre dernier, on célébrait ici la journée nationale de la conscience Noire (Dia Nacional da Consciência Negra).
Pour ceux qui s’intéressent à la culture afro-brésilienne, cette date est bien connue. Elle rend hommage à Zumbi (digne représentant de la lutte des Noires contre l’esclavage durant la période coloniale). Ce leader est mort en 1695 en défendant la plus grande communauté d’esclaves en fuite du Brésil (O Quilombo dos Palmares). À l’intérieur des forêts, ces Quilombos ont été des lieux de refuge pour les esclaves africains tout en hébergeant des minorités autochtones et des blancs.
Cette journée nationale fait étonnamment écho à un des mes projets en cours : «Hermans House». Ce documentaire, pour lequel j’ai réalisé plusieurs animations, trouvera bientôt une seconde vie sous la forme d’un site web interactif produit par l’ONF.
L’histoire de Herman Wallace me noue l’estomac. Incarcéré en Louisiane dans la prison Angola (ancienne plantation esclavagiste), cet ex-Black Panther, en isolement pour plus de quatre décennies, est mort à 72 ans, d’un cancer du foie, trois jours après sa libération en octobre dernier.
Plus de 80 000 prisonniers sont en isolement carcéral aux États-Unis. En 2002, soixante-sept pays ont ratifié le protocole des Nations Unies contre la torture (l’isolement à long terme en faisant partie). Le Canada ne fait pas partie des signataires.
Pour ce dernier billet, je vous laisse sur quelques Onça preta (panthères noires brésiliennes) qui animeront bientôt les paroles de Herman Wallace.
Un grand merci à 24 images pour cette belle invitation au blogue (Cinéastes invités).
2 décembre 2013