Samedi 9 septembre 2017. Miami USA.
par Elza Kephart
Samedi 9 septembre 2017. Miami USA.
J’attends la tempête. Je suis à Miami depuis le 27 août. Cela fait depuis le dimanche 3 septembre qu’on annonce la venue d’Irma, un ouragan d’une ampleur encore jamais vue; si fort que son grondement est ressenti comme un tremblement de terre. Les météorologues affirment que la taille immense de cet ouragan (grand comme la France, dit-on) est en partie due aux changements climatiques.
Je suis descendue avec un copain chez des amis de ma mère pour faire du gardiennage de chat dans leur magnifique quartier de Coconut Grove. Nous avons décidé de rester et de ne pas évacuer, car la panique ne nous empare pas. Et, je dois avouer, que j’aimerais bien voir la force de cet ouragan par moi-même. Cela peut sembler fou, j’en conviens, mais depuis longtemps je cherche à me rapprocher de la nature d’une façon ou d’une autre. C’est un peu ce que j’ai tenté de faire à travers mon film, Go in the Wilderness, qui se passait à 100% en extérieur, ou par d’autres projets, à différents stades de développement, qui traitent du pouvoir de la nature sur l’homme, et du danger de penser que nous sommes en dehors de la nature et non pas une partie intégrante de celle-ci.
En descendant de Montréal vers Miami en auto, nous avons parcouru des kilomètres d’autoroutes américaines jonchées de fast-foods, d’hôtels et de magasins de type «outlet ». La nature est au deuxième plan, comme un accessoire oublié, ou tout bonnement comme une relique d’une autre époque, une époque avant que « nous » arrivions sur ce continent. Une époque où la nature était réellement reine et maitresse des lieux.
Ici, en Floride, la nature tropicale est une force qu’il faut constamment «combattre ». Tout est climatisé, les gens fuient la chaleur et les moustiques pour se réfugier dans des palaces glacés et artificiels. Il fait tellement chaud et humide que tout pousse en tout temps. Dans chaque petite craque, sur chaque poteau, la nature se faufile, essaie de reprendre sa place tant bien que mal. C’est ce qui m’a inspiré pour les photos que je joins à ce blog. Voici donc quelques images qui me rappellent la « bataille » entre la nature et l’homme.
De rester ici pendant cet ouragan, toute petite humaine que je suis, c’est une sorte de tentative de me remettre à ma place dans l’univers. De me rappeler que je suis un être fragile, somme toute dépendante des bonnes grâces de dame nature, même si, parmi les Cracker Barrels et Motel 6, il est facile d’oublier que nous ne sommes toujours pas reines et rois du monde. Et non. La reine en ce moment c’est Irma.
9 septembre 2017