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Cinéastes Invités

Surgical Summer

par Miryam Charles

La médiatisation de la guerre en Bosnie et les avancées victorieuses des penguins de Pittsburgh lors des séries éliminatoires de 1992 ont mis fin à mon innocence. À la compréhension que j’avais du monde. Je me suis mise à torturer mon professeur d’école du dimanche. J’étais fixée sur la fameuse pomme que croquait Eve. Cela ne faisait aucun sens.

Quel rapport avec le cinéma, probablement aucun.

Des années plus tard, alors que j’étais sur un bateau de croisière à prétendre prendre en photo l’horizon ou en le filmant sans intérêt, j’étudiais le courant, me basant sur mes lectures de La circulation océanique générale. J’envisageais les probabilités où mon corps voyagerait la distance jusqu’à la côte du Venezuela.

Quatre jours plus tard, le bateau se dirigeait vers la Jamaïque et que j’avais trouvé mon point de chute, un membre de l’équipage m’a tenu compagnie durant une heure.

Lui : Are you alright ?

Moi : No.

Puis on est restés en silence à regarder la mer. Lentement, elle perdait en confort.

Quel rapport avec le cinéma ? Ces horizons filmés sans intérêt.

Dans quelques jours, je vais présenter ce court film à Berlin (que j’appelle affectueusement Le film panique totale en croisière).

Je pense à ceux, qui chaque jour trouvent leur point de chute et se lancent sans se retourner.

À ma soeur, ma mère, Lindsay et mon ami d’une heure Jim.

J’ai comme envie de revoir un film de Preston Sturges ou d’Ernest Lubitsch.

 

Image de couverture : Losing Ground, Kathleen Collins


13 juin 2018