Ventaflaxine et moi !
par Jimmy Larouche
Lors des 2 premiers textes que j’ai publiés pour 24 Images, Helen Faradji (en charge de la publication) m’a rappelé que je devais lui envoyer une photo avec mes articles. Cette fois, j’ai pris la photo avant d’écrire l’article… Ben oui toé ! J’prends du Ventaflaxine depuis 3 ans. C’est quoi le Ventaflaxine ? C’est pour aider à diminuer l’anxiété. Ben oui toé ! Je fais de l’anxiété depuis que j’ai 18 ans ! D’un point de vue médical et très vulgarisé, l’anxiété c’est une réaction physique à une peur irrationnelle. En gros, j’ai peur de trucs dont je devrais pas avoir peur. J’ai peur des abeilles, des ours, mais c’est pas de ces peurs là dont je veux vous parler…
Ma peur irrationnelle à moi, elle arrive comme ça, sans avertir. Souvent quand j’ai pas assez dormi ou quand j’ai trop bu la veille (on reviendra plus tard à mon problème de bouesson). Je marche, je regarde autour de moi, pis soudainement, je deviens L’avalée des avalés. Le ciel est trop bleu, les oiseaux chantent trop fort, pis moi je pense trop ! Là, mon cerveau se met à se poser des questions auxquelles il arrive pas à répondre. Y a quoi après le ciel bleu, après les étoiles, après les galaxies ? Tsé, un peu comme dans la vidéo qui circule sur Facebook où une caméra nous montre une maison, puis là elle se met à monter pis monter pis monter pis monter pis monter (pas la maison… la caméra) jusqu’à nous montrer un genre de gros spot plein de couleurs qui représente tout ce qu’on connaît. Quand mon anxiété embarque, c’est comme si je tombais de la maison, mais je tombais vers le ciel. J’tombe pis j’traverse les étoiles, les galaxies, les univers pour finalement tomber de l’autre côté du connu. J’tombe vite en crisse pis ça me fait peur en tabarnak ! Vous me direz sans doute que ça sert à rien de se faire des peurs avec ça, que c’est impossible de tomber dans l’infini, mais je vous rappellerai que l’anxiété, c’est pas des peurs rationnelles.
J’ai bien essayé de m’auto-guérir de mon anxiété. J’ai lu beaucoup sur le sujet. J’ai appris différentes méthodes de respiration, de pseudo-méditation. J’ai même eu recours à un psychologue des pauvres pour une thérapie. J’aurais bien aimé avoir accès à un psychologue des riches, mais je suis pas riche. C’est quoi un psychologue des pauvres ? Dans mon cas, c’est quelqu’un qui me chargeait 25$ de l’heure pour me dire que je répondais pas bien à ses questions. Faut croire que ma peur de l’infini faisait pas partie des choix de réponses… Parce que l’anxiété, ça arrive pas juste aux gens qui ont peur de l’infini. Ça arrive aussi aux gens qui ont peur d’être entouré de trop de monde, à ceux qui ont peur des araignées, ceux qui ont peur des endroits clos pis ceux qui ont peur que leurs pots de Tupperware soient mal rangés. Ceux là je les trouve un peu débiles, mais je suis qui pour juger hein ? Moi qui ai peur de tomber dans l’infini… Bref, y a plein de sortes de troubles anxieux, mais dans tous les cas, le résultat est le même : on se sent pas bien. Vraiment pas bien.
Moi j’aime pas ça me sentir pas bien. C’est pour ça que je prends Ventaflaxine : « T’as peur de tomber dans l’infini ? Ventaflaxine va régler ça ». Si ça pouvais être aussi simple… La petite pilule rose de Ventaflaxine que je prends à chaque jour, oui elle me fait du bien. Disons qu’en gros, au lieu de tomber jusque dans l’infini, je tombe jusque dans l’univers. Pis l’univers, je comprends ça. Pas à 100%, mais j’ai écouté quelques vidéos d’Hubert Reeves sur Youtube pour m’aider. Des fois par contre, ça me suffit pas de comprendre. Dans ce temps là, au lieu de tomber dans l’infiniment grand, je tombe dans l’infiniment petit. Ça aussi ça me fait peur. Crisse chu peureux hein ? Faque… Souvent… Dans ce temps là… J’vas faire un tour à mon bar de quartier Le Grand Lionel pis j’prends d’la bouesson (y as-tu d’la biére icitte, y as-tu d’la biére icitte, si y a pas d’biére icitte, moi j’crisse mon camp d’icitte)! Vous savez quoi ? Ça me réconcilie avec l’infini. Au Lionel, la seule chose qui est infinie, c’est ma soueffe et le lendemain, quand je me réveille couché en face de mon frigo, je comprends pas plus le concept du trou noir, mais au moins je l’ai vécu tabarnak ! Que les lendemains de brosses sont difficiles pour les anxieux… Ça me fait du bien de me mettre le cerveau à off pendant une couple d’heures, mais oh boy, que la vie me le fait payer cher le lendemain. Normalement vers 21h… Quand mon cerveau recommence à spinner, mon corps lui rêve d’être encore couché en boule en face du frigo. Faque j’panique. J’ai bien pensé à devenir alcoolique et boire tout le temps pour éviter ce dur retour à la réalité, mais je suis une petite nature pis j’arrive tout simplement pu à endurer deux jours de brosse d’affilé.
Là, probablement que vous vous demandez oussé que j’m’en va avec mes skis dans l’infini ?? Ben j’m’en va à une conférence de presse afin de parler de Sécurité de star : les dessous (c’est pas moi qui a choisi le titre), documentaire d’une heure que je réalise pour TVA. Ouais, en même temps que je travaillais sur Mon ami Dino, je travaillais aussi sur mon documentaire, sur mes problèmes avec les crédits d’impôts, mes problèmes de taxes, mes problèmes d’argent, pis ben d’autres problèmes, ce qui fait que chu fucking fatigué dernièrement. Et, comme mentionné plus haut dans mon texte, il arrive quoi quand chu fatigué ? Je suis plus susceptible de faire de l’anxiété. J’ai juste dormi 4 heures la nuit dernière. Dehors le ciel est trop bleu. Manque juste que je m’enfarge dans un nid de poule pour que je retombe dans l’infini. La bonne nouvelle c’est que j’ai pas bu hier soir. Je compte bien remédier à ça tantôt, la conférence de presse a lieu dans un bar…
N.B. Si j’ai choisi d’écrire ce texte, ce n’est pas pour recevoir « 10 000 trucs et astuces pour guérir de son anxiété ». Je continue à travailler sur ce problème comme je continue à travailler sur tous les autres dans ma vie et j’ai déjà beaucoup de trucs. Si j’ai écrit ce texte, c’est pour que tous ceux qui vivent ce que je vis se sentent moins seuls. Des fois, juste se sentir moins seul ça fait du bien. Je trouve ça moins épeurant de tomber dans l’infini à deux.
18 août 2016