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Cinémathèque Québécoise

Voir Les voleurs de Job de Tahani Rached

par Marcel Jean

Toute l’œuvre de Tahani Rached se déploie sous le signe de l’engagement social, cela dès les premières bandes vidéo qu’elle tourne pour des ONG impliquées dans le développement international dans la première moitié de la décennie 1970. Par son esprit internationaliste et son engagement à connaître et à faire connaître les femmes et les hommes de diverses cultures, la cinéaste a largement contribué à introduire le thème de l’immigration ainsi que la réflexion sur quelques grandes questions internationales dans le corpus du cinéma québécois.

C’est ainsi que son premier long métrage, Les voleurs de job (1980), produit par l’ACPAV, aborde avec sobriété et intelligence la réalité du travail, les aspirations et les relations que des immigrants d’origine grecque, italienne, haïtienne, portugaise ou espagnole entretiennent avec la population locale de Montréal. Laissant la parole à ceux qui n’ont habituellement pas les moyens de se faire entendre, le film prend le contrepied du préjugé qui lui donne son titre : sans didactisme la cinéaste permet à ces travailleurs d’exister par-delà leurs emplois mal rémunérés dans des restaurants ou des ateliers de couture, par-delà les nuits passées à conduire des taxis ou les jours à peindre des bâtiments ou à faire des ménages. Le résultat conserve son actualité et sa pertinence malgré le passage des années, l’immigrant étant encore trop souvent le bouc émissaire commode à tous les maux de la société.

Quelques mois après la sortie des Voleurs de job, Tahani Rached est embauchée à l’Office national du film du Canada, où elle poursuit son travail avec la même détermination et le même engagement jusqu’à son départ, en 2004. Entre le massacre de Sabra et Chatila (Beyrouth ! «À défaut d’être mort», 1983), la communauté haïtienne de Montréal et la situation à Haïti (Haïti-Québec, 1985; Bam Pay A! Rends-moi mon pays, 1986) et la situation au Moyen-Orient (Quatre femmes d’Égypte, 1997; Soraida, une femme en Palestine, 2004), Tahani Rached a su développer y une œuvre humaniste et sensible.

Les voleurs de job a été numérisé et restauré par la Cinémathèque québécoise en partenariat avec l’Office national du film du Canada dans le cadre du Plan culturel numérique du Gouvernement du Québec.


La restauration peut être visionnée sur la chaîne Vimeo de la Cinémathèque québécoise.


27 avril 2020