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Éditos

10 pour 2017

par Helen Faradji

Les débuts d’année ont ceci de magnifique qu’ils sont encore pleins de promesses. En décembre prochain, les déceptions, les « en fait, non », les regrets même, seront peut-être à l’honneur, mais en attendant, voici 10 titres qui nous font (encore) rêver pour 2017.

 

    * High Life de Claire Denis : faites l’expérience. Ramassez quelques cinéphiles. Dites leur : réalisatrice de Trouble Every Day, criminels envoyés sur leur temps d’emprisonnement dans une mission spatiale, deux survivants, Robert Pattinson, Patricia Arquette, Tindersticks. Et regardez-les imploser.

 

* You Were Never Really Here de Lynn Ramsay : six ans après le glaçant We Need to Talk About Kevin, on en sait encore peu sur le nouveau projet de l’Écossaise : un portrait d’un vétéran de guerre hanté par son passé et qui essaie d’aider les femmes prises dans l’engrenage du trafic sexuel, joué par Joaquin Phoenix. On l’attend de pied ferme.

 

* The Lost City of Z de James Gray : l’épopée de l’aventurier Percival Harrison Fawcett, au début du siècle dernier, en plein cœur de l’Amazonie, avec Charlie Hunnam, Pattinson (encore lui), Sienna Miller et Tom Holland ? Évidemment, l’idée de voir James Gray troquer le polar brumeux et urbain contre l’épique en pleine jungle est au minimum stimulante.

 

* Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve : il est de toutes les listes, trônant au sommet des envies cinéphiles mondiales pour l’année. 35 ans après le cultissime opus de Ridley Scott – et ses 1001 versions – que fera l’esthète Villeneuve (et ses acteurs Harrison Ford et Ryan Gosling) de cet univers noir où la réflexion sur la condition humaine est aussi fine que profonde ? À suivre, assurément.

 

* Happy end de Michael Haneke : l’Autrichien dont la sévérité ne cache que très peu le réel humanisme sera-t-il le premier à gagner 3 palmes d’or ? En tout cas, les ingrédients sont là : crise des migrants, jungle de Calais, indifférence d’un couple de bourgeois installé dans le nord de la France, Isabelle Huppert, Mathieu Kassovitz et Jean-Louis Trintignant.

 

* Ceux qui font les révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau de Mathieu Denis et Simon Lavoie : s’il est un film qui ose avoir de l’ambition au royaume du cinéma québécois, le voilà. Meilleur film canadien au dernier TIFF, fresque intime et politique autour de quatre jeunes marginaux, nouveaux visages, stagnation de la société québécoise en plein dans le viseur, durée massive. Oui, on sera au rendez-vous.

 

* Le redoutable de Michel Hazanavicius : si les deux Québécois peuvent peut-être se réclamer de Godard, ce dernier sera frontalement à l’honneur du nouveau Hazanavicius (The Artist) qui se penchera sur l’histoire d’amour difficile entre l’inclassable suisse (joué par Louis Garrel) et Anne Wiazemsky (le film est adapté du récit qu’elle en a fait, et elle est incarnée par Stacy Martin). Le tout durant et après le tournage de La Chinoise, alors que Mai 68 se profile.

 

* Neruda de Pablo Larrain : présenté à la dernière Quinzaine, ce faux biopic du prix Nobel de littérature mêle guerre froide, menace d’arrestation du poète-sénateur, traque par un inspecteur infatigable et ombrageux, fiction ludique et événements historiques dans le Chili de 1948. Le parcours du génial cinéaste (Tony Manero, No, Jackie…) continuera-t-il à aligner les sans-fautes ?

 

* Dunkirk de Christopher Nolan : si la guerre et la violence ont toujours été au cœur de ses pérégrinations en terres fantastiques (Batman, Interstellar…), comment les abordera-t-il de front ? Le Britannique se lance en tout cas, son sens aiguisé du spectacle en bandoulière (et son fidèle Hans Zimmer aussi), le défi d’évoquer l’évacuation des troupes alliées de Dunkerque en mai 1940. Quel soldat faudra-t-il sauver ? Nous aurons le choix entre Tom Hardy, Cillian Murphy, Mark Rylance, Kenneth Branagh ou Harry Styles ( ?!)

 

* La tortue rouge de Michael Dudok de Wit : merveille d’humanisme, sublime usage pictural d’un trait de dessin fin et précis et d’une musique magnifiquement cohérente, harmonie des couleurs, récit d’une simplicité absolue (un homme naufragé sur une île et la vie qui reprend ses droits) partant du plus petit pour atteindre le plus grand, le plus transcendant, maîtrise généreuse du sujet et de la forme, hallucinante pour un premier long…. Un film d’animation, sans dialogue, capable de toucher droit au cœur en se faisant le reflet ultra-expressif des mystères de la vie qui passe ? Oui, La tortue rouge sera assurément à mettre dans la liste des petits miracles de 2017.

 

Bons désirs de cinéma à tous.


12 janvier 2017