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Éditos

2017 – Bilan et découvertes

par Bruno Dequen

Comme le veut désormais la tradition, notre dernier numéro de l’année se présente comme un bilan annuel. Avant de recevoir plaintes et récriminations, quelques petites précisions. Oui, ce bilan est nécessairement incomplet, puisque nous devons l’établir un mois avant 2018. Les candidats tardifs aux Oscars et Le trip à trois devront donc attendre leur tour l’an prochain – ou tomber pour toujours dans l’oubli volontaire d’une revue non mensuelle. Et oui, hormis les différents tops qui l’intro­duisent, ce bilan ne couvre pas vraiment la totalité de l’année mais, à quelques exceptions près, les films vus par la rédaction depuis septembre, en salles et lors des différents festivals québécois. Outre le fait qu’il serait clairement moins vendeur d’intituler notre numéro « bilan septembre-octobre-novembre-début décembre 2017 », nous tenons également à souligner que le véritable bilan de l’année se fait au fur et à mesure de nos cinq numéros annuels.

Les habitués de la revue peuvent également observer d’entrée de jeu que le top de la rédaction est passé de 10 à 15 films. Ce changement apparemment anodin, quoiqu’historique, résulte en partie de la qualité de l’année qui vient de se terminer. Nous avions tous, à différents niveaux, envie de soutenir plus de dix films. Cette décision a permis également d’incorporer une plus grande diversité de propositions qui alternent entre le cinéma bénéficiant encore d’une sortie commer­ciale, aussi limitée soit-elle parfois, et les films de festivals. Évidemment, par respect pour le grand écran, nous avons décidé d’inclure hors-concours Twin Peaks: The Return, l’œuvre de l’année pour ceux d’entre nous qui bénéficions d’un abonnement au câble ou de bonnes ressources à la limite de la légalité. Le cinéma américain a d’ailleurs fait belle figure en 2017 puisque notre film de l’année est The Florida Project, « grand « petit » film sur l’Amérique, modeste dans son envergure mais grandiose dans son approche », comme l’écrit Alexandre Fontaine Rousseau dans la critique du film publiée en fin de numéro.

Des films modestes mais grandioses. Une telle description s’applique sans l’ombre d’un doute aux cinéastes et aux films que notre bilan met en valeur. D’Alain Gomis à Nicolas Klotz, Élisabeth Perceval, Hong Sang-soo, Maryam Goormaghtigh et F.J. Ossang, plusieurs de nos coups de cœur se définissent moins par l’ampleur de leurs moyens que par la fulgurance de leurs récits inquiets, intimes et profondément humanistes qui prennent à bras-le-corps le réel pour le transcender et tenter de circonscrire l’état de notre monde contemporain – à petite et grande échelle. Ailleurs, la vitalité d’un certain cinéma de genre est également soulignée, alors qu’un tour d’horizon de six films québécois récents permet de remarquer l’arrivée passionnante au long métrage de jeunes talents prometteurs (Pascal Plante, Ian Lagarde, Ky Nam Leduc et Sophie Bédard-Marcotte) et la grande forme de vétérans (Robin Aubert et Luc Bourdon) qui, chacun à leur façon, puisent brillamment dans les formes du passé pour faire de véritables propositions contemporaines et pertinentes.

L’an dernier, l’un de nos films de l’année était Another Year de Shengze Zhu. C’est bien entendu avec un immense plaisir que nous vous proposons le film sur DVD dans ce numéro, accompagné d’un entretien avec la cinéaste. La boucle est ainsi bouclée. Peut-être en ferons-nous d’ailleurs une habitude. Je vous invite déjà à essayer de deviner quel titre du top 15 2017 fera l’objet d’un DVD 24 images l’an prochain. Avant de passer à 2018, un merci tout particulier aux collaborateurs spéciaux de ce numéro : Luciano Barisone, critique et ex-directeur du festival Visions du réel, qui a accepté de nous présenter le cinéma d’Alain Gomis ; Olivier Godin et Paul Vecchiali, cinéastes, qui ont écrit respectivement sur L’Héroïque Lande et la regrettée Danielle Darrieux.


22 décembre 2017