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Festivals

Cartoon movie 2018 – En ouverture…

par Nicolas Thys

Le Cartoon Movie fête son 20e anniversaire non loin des start-ups et des vignobles bordelais après avoir été longtemps accueilli par Lyon ou Postdam et, avec un nombre de participants toujours en hausse, il affirme sa nécessité. Rendez-vous professionnel majeur de l’industrie du cinéma d’animation, il est l’occasion chaque année pour les acteurs du milieu de se retrouver, d’échanger et de pitcher de nouveaux projets de longs métrages devant distributeurs, producteurs ou acheteurs venus du monde entier. Si l’événement concerne essentiellement l’Europe, on voit apparaitre, grâce aux Cartoon connection à Québec et Séoul, des projets issus du Canada ou d’Asie, d’où pourraient découler des volontés de coproductions intercontinentales.

C’est également l’occasion de prendre la température d’un marché de plus en plus riche et dynamique d’année en année. L’animation continue d’envahir les box-offices et son industrie est l’une de celles qui se portent le mieux en Europe même si, pour le moment, ce sont essentiellement les mêmes produits issus des studios hollywoodiens au budget promotionnel démesuré qui attirent le plus de spectateurs. Pourtant, les projets novateurs sont nombreux et ce n’est qu’en continuant à leur donner une chance et une exposition qu’un véritable marché plus indépendant et audacieux pourra voir le jour et cesser d’être la marge ou l’exception.

En 2018, sur deux jours, ce sont 60 films issus de 22 pays qui seront pitchés, 21 d’entre eux à l’état de concept, 26 en plein développement, 6 déjà entrés en production et 7 terminés et à la recherche de diffuseurs internationaux. Pour continuer dans les chiffres, 20 projets sont produits ou coproduits par la France, 7 par l’Allemagne et 5 par l’Espagne, nation mise à l’honneur cette année. Bien évidemment, l’animation est toujours associée, surtout économiquement, aux plus jeunes et 46 projets s’adressent d’abord aux familles, aux enfants ou aux pre-school mais si le chiffre semble énorme, cela veut également dire qu’un quart d’entre eux vise en priorité les adultes ou adolescents, ce qui est loin d’être anodin. Vingt ans auparavant, il n’est pas sûr que 25% des œuvres animées portées par les studios avaient vocation à être vues par les 15 ans et plus.

Même si l’on aimerait qu’elle soit minimisée, que les mentalités changent et ne plus avoir à s’en préoccuper, l’animation reste du cinéma, donc aussi une industrie ; la question du public ciblé occupe donc toujours une place centrale dans les discussions. Beaucoup se demandent toujours comment attirer les spectateurs dans les salles pour voir des dessins animés abordant, à première vue, des sujets plus difficiles. Mais à thématiques égales, il n’est pas certain que la prise de vues continues en amène vraiment davantage et affiche une rentabilité supérieure… Et l’essentiel est encore à venir pour l’animation. Il faudrait donc surtout ne pas s’arrêter en chemin et favoriser l’émergence de ces projets.

Parmi ceux-ci, il sera important de revenir sur Chris the Swiss d’Anja Kofmel autour de la guerre en Yougoslavie en 1992, projet que la cinéaste porte depuis près de 8 ans ; ou Another Day of Life de Damian Nenow et Raul de la Fuente, sur le récit de Richard Capuczinski, reporter polonais qui a suivi la guerre en Angola dans les années 1970. Les deux films sont terminés, pourraient sortir bientôt et 20 minutes en seront montrées.

Le Cartoon Movie permet aussi de suivre l’avancée de projets passés au stade supérieur et de voir où en sont les équipes. Ce sera le cas de Buñuel dans le labyrinthe des tortues, ou Unicorn Wars d’Alberto Vazquez, produit par Autour de minuit. Tous deux étaient déjà là en 2017, comme Le Voyage extraordinaire de Marona, troisième long métrage d’Anca Damian. Chez les plus anciens, ce sera le retour sur scène de La Fameuse Invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti chez Prima Linea et de deux projets en volume. Le premier est signé Kaspar Jancis, que les amateurs de films courts connaissent pour son ton complètement décalé. Il prépare, pour les Estoniens de NukuFilm, Captain Morten and the Spider Queen. Le second, quant à lui, revient alors qu’il n’avait plus donné signe de vie depuis 2013. Et, bien que la proposition fut l’une des plus belles cette année-là, on l’imaginait abandonnée depuis longtemps. Comme quoi il ne faut jamais perdre espoir ! Il s’agit de Kara de Sinem Sakaoglu, projet allemand plutôt confidentiel autour d’une petite fille en Turquie.

De nouveaux films sont également pitchés. Les plus attendus sont probablement Allah n’est pas obligé porté par Sébastien Onomo, Slocum de Jean-François Laguionie, qui travaille donc à deux longs métrages en même temps, In the Dark and Mysterious Forest de Vincent Paronnaux et Alexis Ducord, Yuku et la fleur de l’himalaya, premier long d’Arnaud Demuynck et Rémi Durin, Lulu & Nelson produit par les Armateurs et The Animals’ Christmas en développement chez Les Valseurs, à l’origine du récent multiprimé Vilaine fille d’Ayce Kartal.

 


8 mars 2018