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Festivals

Animateka 2016 – Jour 1

par Nicolas Thys

En ce mois de décembre 2016, Animateka en est à sa treizième édition et les salles étaient combles ce soir pour l’ouverture.

Mais, petit retour en arrière : qu’est-ce qu’Animateka ? Il s’agit d’un festival International de films d’animation situé à Ljubljana, la capitale Slovène. Après avoir annoncé à différentes personnes que la Slovénie organisait depuis 13 ans déjà un grand rendez-vous pour les amateurs d’animation, certains se sont demandé si c’était du côté de l’Estonie, d’autres si on passait par la Pologne pour s’y rendre ou même vers la Turquie et des amateurs de Tintin pensent que le pays borde la Syldavie. Donc, pour les géographes amateurs non-encore-éclairés (et oui, le niveau baisse), un point s’impose : la Slovénie se situe à l’est de l’Italie, au sud de l’Autriche et même James Bond a visité ses casinos. Ce point fait, on peut maintenant passer aux choses sérieuses qui nous occuperont cette semaine : les forêts, la nourriture et les films !

Dirigé par Igor Prassel, Animateka est centré sur l’animation d’Europe de l’est et centrale et dure une semaine. Une semaine pendant laquelle nous aurons l’occasion de revenir sur les 4 programmes compétitifs et ses 34 courts métrages et sur les trois panoramas qui convoquent 45 films. On verra également une compétition européenne de films de fin d’études avec 57 titres annoncés et, plus diversifiée, 33 courts issus d’une sélection des meilleurs courts réalisés cette dernière année et venus du monde entier.

De plus, différentes expositions et plusieurs autres programmes spéciaux sont annoncés et notamment deux grandes rétrospectives, la première autour de films réalisés sur ordinateur et la seconde sur l’animation documentaire, de même qu’une plus courte consacrée à l’érotisme dans la production de courts métrages contemporain. On notera enfin un grand nombre de programmes pour enfants, un volet professionnel, quelques longs métrages et des cartes blanches/rétrospectives liées aux membres du jury : Sarah Saidan, Joni Männistö, Paul Bush, Chris Landreth et Mauro Carraro (ces deux derniers donneront également une masterclass). En somme, une semaine qui s’annonce frustrante puisque, comme dans tout festival qui se respecte, jamais nous n’aurons assez d’yeux ni de temps pour tout voir.

Pour résumer cette première journée assez courte, puisque nous n’avons pu assister qu’à un panorama et à la séance d’ouverture entre une goulash et des gnocchis, il semblerait que les insectes seront à l’honneur. En témoigne le fameux et toujours aussi mignon bébé du Kuhina (Swarming) de Joni Männistö aux prises avec des bestioles envahissantes dont le mouvement incessant épouse les contours et les entrailles de l’enfant dans un joli conte amoral très coloré – un film recommandé à tous les parents qui ne sauraient pas comment planifier la disparition de leur truc qui pleure ! De même dans son While Darwin Sleeps, Paul Bush photographiait des milliers de scarabées, papillons et autres scolopendres et coléoptères pour les faire défiler devant nos yeux, recréant dans une marche hallucinante et aberrante quelque chose qui revisiterait les mouvements minuscules de la nature depuis des millions d’années : un trip sous acide de Darwin… Dans le panorama, nous avons également eu droit à la séduction d’un sombre cafard, incapable de voler, par une fatale luciole qui l’aide dans ses péripéties. They live by Night est ce film croate qui résume tout un pan du cinéma : la rencontre entre l’ombre et la lumière. Comme quoi, les insectes sont très « animagéniques ».

Dans le panorama, nous retiendrons également quelques courts plus étranges ou expérimentaux comme un film macédonien de Vladimir Lukash, The Falling Girl, autour d’une étrange petite fille qui tombe se retrouve dans un univers surréaliste cernée par des monstres, le tout en papier découpé et en proposant un jeu sur les ombres et le retour au visible. On pourra également apprécier le plus pesant et mystique Balance de Gábor Ulrich, réalisateur hongrois, qui, dans une danse lumineuse, où le jaune enserre le noir et le blanc, s’interroge sans y répondre, sur l’homme, la vie et la création. Et enfin une animation spirographique de la Slovène Tina Šulc, Messy Flow, toute en noir et blanc et rejouant la décomposition du mouvement d’une frise géométrique. Il s’agit d’une partie d’un enregistrement live d’une session de VJ, forme artistique qui elle aussi repense la question des limites du cinéma d’animation.

L’Europe centrale et l’Europe de l’est auront encore ces prochains jours d’autres merveilles à nous faire découvrir… Rendez-vous demain pour la suite !


6 décembre 2016