Annecy 2011 chez soi
par Marcel Jean
UN FESTIVAL MAISON
Vous avez raté le festival d’Annecy? Vous êtes restés bien au chaud chez vous pendant qu’on se les gelait au bord du lac? Pas de problème, nous avons concocté pour vous un aperçu de ce que les festivaliers ont pu voir en Haute-Savoie, du 6 au 11 juin derniers.
On l’a dit, on l’a redit: les festivals n’ont désormais plus l’exclusivité du lancement des films, qui se retrouvent de plus en plus rapidement sur les plateformes de partage d’Internet. Ainsi, cette année, c’est la quasi-totalité du palmarès d’Annecy qu’il est possible de visionner à partir de votre ordinateur. Cela à commencer par le Cristal du court métrage, Pixels, de Patrick Jean, qui est un phénomène Internet depuis plusieurs mois. Cela explique sans doute l’accueil poli reçu à Annecy par ce film pourtant spectaculaire: une grande partie de l’assistance l’avait déjà vu, et plus d’une fois si ça se trouve. Pour ceux qui n’auraient pas encore vu ce film où des jeux vidéos prennent New York d’assaut, voici donc Pixels:
Toujours dans la catégorie du court métrage, le prix spécial du jury est allé à l’Italien Blu, pour son film intitulé Big Bang Big Boom, un autre gros succès sur la toile. Un bon choix, selon moi, mais jugez-en par vous-mêmes :
Dans les jours qui ont suivi l’annonce de la sélection officielle, en mars, plusieurs ont déploré l’absence de The External World de David O’Reilly. Récipiendaire du prix du public lors des Sommets de l’animation de Montréal, en décembre dernier, ce film confirme pourtant la très forte personnalité du cinéaste d’origine irlandaise et on s’explique mal que le comité de sélection ait pu l’ignorer.
The External World
Aussi dans la catégorie des recalés — un festival comme Annecy reçoit autour de 800 courts métrages — on trouvait The Deep, la plus récente réalisation du populaire Américain PES. Pour le cinéaste, connu notamment pour Roof Sex, ce refus a ouvert la porte qui lui a permis d’entrer au jury, avec la Portugaise Regina Pessoa et la Polonaise Aleksandra Korejwo. Jetons d’abord un coup d’oeil à The Deep, pour voir si le comité de sélection a bien vu ou s’il a raté le coche. Puis, pour le plaisir, on regarde Carmen/Habanera, qui date de 1995, l’un des films de Madame Korejwo, grande spécialiste de l’animation de sels colorés. Enfin, de Regina Pessoa, on voit Histoire tragique avec fin heureuse, Cristal d’Annecy en 2006.
Parmi les autres films figurant en compétition dans la catégorie courts métrages et qui sont disponibles sur Internet, on trouve d’abord Millhaven du Polonais Bartek Kulas un conte cruel reposant sur une interprétation fort singulière d’une chanson de Nick Cave (ici interprétée par Katarzyna Groniec). Certains d’entre vous se souviendront peut-être d’avoir vu ce film en octobre dernier, au Festival du nouveau cinéma.
Toujours en compétition, Something Left, Something Taken des Américains Max Porter et Ru Kawahata est une sympathique comédie prenant pour prétexte le Zodiac Killer.
Something Left, Something Taken- Full Version from Tiny Inventions on Vimeo.
Autre film humoristique, Xing de l’Ontarien Michael Naphan est représentatif du ton léger qui caractérisait plusieurs des films de la sélection de cette année. On peut d’ailleurs en dire autant de Blind Date, de Nigel Davies, une production du célèbre studio Aardman. On regarde les deux films:
Si le festival d’Annecy rassemble des milliers de professionnels, il accueille aussi un nombre imposant d’étudiants, souvent bruyants, qui donnent aux projections une ambiance survoltée. Cette année, le Prix du public est allé à l’Argentin Juan Pablo Zaramella pour Luminaris. Le film n’est malheureusement pas disponible sur Internet en intégralité, mais je vous invite à en visionner un extrait, puis à regarder un clip mis en ligne par le cinéaste et montrant l’accueil réservé au film par le public d’Annecy.
Screening of « Luminaris »-Annecy 2011 from Juan Pablo Zaramella on Vimeo.
Ce Zaramella, d’ailleurs, est un garçon fort sympathique et au demeurant très prolifique. L’an dernier, l’Argentine était le pays à l’honneur à Annecy. Le cinéaste a profité de son passage au festival pour y tourner un petit film amusant, une sorte de Kino, qui fut présenté lors de la soirée de clôture 2010. Le voici:
Annecy 2010 – Motorcycle from Juan Pablo Zaramella on Vimeo.
Cette année, en plus de Luminaris, qui figurait en compétition officielle, Zaramella avait un autre film, présenté hors compétition.
At the Opera from Juan Pablo Zaramella on Vimeo.
Les quelques films suivants ont été projetés hors compétition et constituent un bon échantillonnage de la qualité générale des oeuvres présentées dans cette section.
The Holy Chicken of Life & Music from NOMINT on Vimeo.
The Gentleman’s Guide to Villainy from Aidan McAteer on Vimeo.
Le festival d’Annecy récompense aussi des oeuvres dans diverses catégories, regroupées sous l’appellation Films de commande, qui vont de la publicité au vidéoclip. Dans cette dernière catégorie, le prix est allé au Français Romain Chassaing pour I Own You, sur une chanson de Wax Taylor (featuring Charlie Winston):
Il y avait d’ailleurs dans cette catégorie d’assez jolies choses, comme en témoignent les trois oeuvres suivantes, venues d’Australie, de Suisse et d’Israël.
Dans la catégorie des films publicitaires, c’est une autre production française qui s’est distinguée.
Comment nourrir tout le monde ? from Denis van Waerebeke on Vimeo.
On trouve parfois des gros noms parmi les réalisateurs de films de commande. Cette année, le plus célèbre d’entre eux était l’Italien Gianluigi Toccafondo, auteur du générique de début du Robin Hood de Ridley Scott. On vous laisse donc avec ce dernier clip.
23 juin 2013