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Festivals

Cannes 2016 : Victoria de Justine Triet

par Philippe Gajan

En ouverture de la semaine de la critique, le choix de Victoria confirme la tendance comédie que semble prendre cette année un certain cinéma d’auteur (français mais peut être plus, on verra bien). Le deuxième film de Justine Triet, après La bataille de Solférino, est en effet une comédie, mettons une comédie sophistiquée, contemporaine, moderne , intelligente, etc. , épithètes qui ne veulent rien dire si ce n’est pas réussi, ce qui à  notre époque ne semble pas si évident que ça. Et si celui ci  est réussi, cela tient principalement à deux facteurs ô combien importants : l’écriture et le jeu de l’actrice principale (et dans ce cas, du jeu des comédiens). Virginie Efira joue une jeune avocate, mère monoparentale dévorée par son métier. Quand elle accepte de prendre la défense de son meilleur ami, sa vie déjà au bord de la rupture s’effondre. Comédie de mots et de situation, Victoria se doit d’être un feu roulant, de ne jamais baisser la garde. Et c’est à peu près ce qui se passe. Certes, on ne réinvente pas la roue dans ce  cas,  et Blake Edwards, modèle avoué, reste encore hors de portée.  Mais cette réflexion sur le stress de la vie contemporaine, au féminin qui plus est, cette chronique sur la disparition progressive de la frontière entre vie privée et vie professionnelle qui entretient un profonde confusion des sentiments est juste et agréable jusque dans ses grincements.

Philippe Gajan


14 mai 2016