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Festivals

Cartoon movie 2017 : 55 nouveaux projets de long-métrage – Présentation

par Nicolas Thys

Pour la première fois, Cartoon movie se déplace à Bordeaux. Cette manifestation, qui en est à sa 19ème édition, réunit les acteurs européens liés au cinéma d’animation et à son économie autour de nouveaux projets qui seront pitchés entre 10 et 20 minutes en vue de trouver coproductions, financements, distributeurs ou diffuseurs. Les années passant et l’animation européenne n’ayant jamais été en aussi bonne santé, le nombre de participants continue d’augmenter et la qualité générale des projets semble exceptionnelle. De plus, avec les deux manifestations Cartoon connexion au Québec et en Corée, on constate une ouverture internationale et des liens qui se nouent ou se consolident. La première impression est celle d’une animation qui s’ouvre un peu plus sur le monde adulte et ne reste plus seulement cantonnée à l’enfance. De même, alors que les industries du long et du court-métrage semblaient encore à 20000 lieues l’une de l’autre voilà quelques années, les connexions sont de plus en plus nombreuses et on voit apparaitre davantage de cinéastes qui cherchent à se lancer dans ce format.

Durant deux jours, vont donc se succéder 55 potentiels films – car si les financements ne se trouvent pas les œuvres ne verront jamais le jour, d’où une certaine frustration qui parfois découle de ce type d’événement – qui sont à l’état de concept, de développement, en production voire pratiquement achevé. C’est ainsi qu’on devrait voir les premières minutes du Grand méchant de renard, le nouveau film de Benjamin Renner (Ernest et Célestine) tiré de sa bande-dessinée et cette fois coréalisé avec Patrick Imbert.

Cette année, le Canada sera bien représenté avec au moins cinq projets, des productions majoritaires ou des coproductions. D’une part, on découvrira l’histoire et quelques images de The Treasure of Morgäa, le premier long-métrage de Nicola Lemay, qu’on connait pour ses courts-métrages avec l’ONF/NFB. Il fût dernièrement, le coréalisateur de Janice Nadeau sur Nul poisson où aller. D’autre part, pour les plus jeune, CarpeDiem film & TV devrait produire Butterfly tale, une histoire de papillons. Seront aussi dévoilés Tangles de Leah Nelson, animatrice basée à Vancouver, qui prépare son film avec les anglais de Passion pictures, Hump de Rob Gibbs, storyboarder de Pixar qui développe son premier long comme réalisateur avec le Canada, l’Allemagne et les belges de Walking the Dog, et Charlotte de Bibo Bergeron. Le cinéaste d’Un monstre à Paris et de Gang de requins prépare un projet orienté ados/adultes entre la France (Balthazar, Les Films du poisson rouge, Folimage), la Belgique (Walking the dog encore) et le Canada (January films).

Parmi les autres projets intéressants, plusieurs viennent de France. Comme souvent Les Films d’Ici se démarquent. Coproducteur de Valse avec Bachir, cette maison de production termine Funan, l’un des prochains longs-métrages français les plus attendus. Ils seront présents avec trois films en concept ou développement : La Sirène de Persideh Farsi, premier long animé d’une cinéaste iranienne interdite de territoire après Red rose, histoire d’amour en Iran sur fond de révolte étudiante, et qui en 2008 avait déjà tourné Teheran without permission sur téléphone portable dans la capitale iranienne. Ils devraient également produire Bombay rose le premier long-métrage de Gitanjali Rao, cinéaste indienne dont plusieurs courts furent sélectionnés à la Semaine de la Critique à Cannes. Enfin, on découvrira Josep d’Aurélien Froment, artiste reconnu, photographe, vidéaste, dessinateur et plus célèbre sous le pseudo Aurel.

Avec trois projets tous aussi différents et innovants, on retrouve Sacrebleu. Après Tout en haut du monde sorti en 2016, la société de Ron Dyens continue son aventure dans le long-métrage. Ils devraient faire le prochain film de Rémi Chayé, Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary, western autour de la jeune Calamity Jane mais aussi produire deux réalisatrices d’Europe de l’Est. D’abord My Sunny Maad de la tchèque Michaela Pavlatova, qui a déjà fait des longs en prises de vues réelles mais dont l’expérience en animation restait confinée au court-métrage avec le succès qu’on lui connait. Ensuite, The Fantastic voyage of Marona de la roumaine Anca Damian qui laisse quelque peu le documentaire animé (Le Voyage de Monsieur Crulic et La Montagne magique) mais pas les périples surprenants pour cette histoire canine.

On se penchera également sur Super Vinamotor, premier long des cinéastes Stéphanie Lansaque et François Leroy, plus connus pour leurs courts-métrages multiprimés qui se déroulent généralement au Vietnam. Je suis bien content devrait produire le film. Autour de minuit présentera Unicorn wars, prochain long d’Alberto Vazquez actuellement en promotion pour Psychonautas et dont on imagine l’atmosphère plus proche de Sangre de unicornio. Jung Henin, auteur-réalisateur de Couleur de peau : miel, récit autobiographique sur son expérience d’enfant coréen adopté en Belgique sera également présent pour dire quelques mots de Single mom in Korea produit par Marmitafilms. Et, déjà remis de Louise en hiver, Jean-François Laguionie viendra présenter Le Voyage du prince dont on ne sait encore rien.

Côté non-français, Tomm Moore pitchera son prochain film : Wolfmakers qu’il devrait réaliser avec Ross Stewart dans son studio irlandais : Cartoon Saloon. On essayera également d’avoir un aperçu de Buñuel in the Labyrinth of the Turtles, surprenant projet de film d’animation de Salvador Simo Buscon qui se centre sur le making-of du documentaire de Luis Buñuel Terre sans pain (Las hurdes) et la censure dont il a fait l’objet. Puis, deux projets de cinéastes eux-aussi plus connus pour leurs courts-métrages retiennent notre attention : The Red Jungle du suisse Zoltan Horvath coréalisé par Juan Lozano et Icarus de Carlo Vogele qui, après avoir animé un poisson chanteur d’opéra, des saucisses à la plage et s’être perdu chez Pixar, développe sa première histoire longue. Enfin les pays nordiques proposent deux projets sur lesquels nous devrions revenir davantage après demain : The Tower de Mats Grorud, coproduction norvégo-franco-suédoise sur le moyen-orient et Flee du documentariste Johan Poher Rasmussen, coproduction Dano-française.

Si seulement la moitié de ces projets voyaient le jour, on aurait quelques belles années de long-métrages d’animation devant nous !


9 mars 2017