Festival d’Annecy 2016, Jour -1
par Nicolas Thys
L’intérêt d’arriver dans un festival français deux jours avant son démarrage officiel réside d’abord dans le fait… d’y parvenir. Après avoir bravé des pièges aussi dangereux et tortueux que les grèves des transports, les incompétences politiques, les pénuries d’essence, le football, les hooligans anglais et les inondations, nous avons finalement atteint Annecy sain et sauf. Une fois là-bas, plus on approchait du QG de Bonlieu, plus on sentait que l’ouverture du 60ème festival International du film d’animation était proche. Banderoles à droite et à gauche, affiches ci et là, panneaux indicateurs des différentes salles dans les rues et fromages fondus dans les assiettes : tout est donc réuni pour un joyeux démarrage. Il ne manque dès lors plus que les films.
Pour cela, il sera nécessaire d’attendre lundi matin et un habituel démarrage par un hommage à plusieurs cinéastes d’animation disparu au cours de l’année. On y verra des films de cinéastes aussi différents que ceux du canadien Colin Low dont Notre univers, coréalisé avec Roman Kroitor, a largement influencé Kubrick pour son 2001 : A Space Odyssey, ou Jane Aaron, célèbre pour avoir animé des dessins au sein de la prise de vues réelles et notamment les 150 séquences réalisées pour la série Sesame Street. On y découvrira deux courts-métrages plus abstraits, recréant lumière et mouvement à l’aide de papier découpés et créant un mouvement artificiel au sein d’un univers fixe. De Giuseppe Maurizio Laganà, on découvrira un Pixnocchio, premier film d’animation informatique réalisé en Italie en 1982, recréation originale et pixellisée d’un des personnages les plus emblématique du pays dans une animation certes sommaire mais expérimentale et historiquement importante. L’espagnol Pascual Pérez, qui a travaillé pour Aardman, est décédé à 48 ans en 2015 et on verra son court-métrage récompensé par le jury jeune d’Annecy en 2011 : Historia d’Este, film en pâte à modeler autour d’un personnage d’ivrogne amusant. Enfin, les amateurs des Beatles connaissent Robert Balser pour sa collaboration à Yellow Submarine en 1968 mais le cinéaste a réalisé de nombreux films courts, via sa société basée en Espagne, comme le très beau La Doncella guerrera adapté d’un poème sévillan moyenâgeux et réalisé en dessina sur cellulos.
Cette année plusieurs ouvrages sur le cinéma d’animation paraissent en marge du festival. Signalons en deux, édités par Capricci : Le Cinéma d’animation en 100 films sous la direction de Xavier Kawa-Topor et Philippe Moins qui propose un parcours chronologique dans le cinéma d’animation en 100 œuvres marquantes et autant d’analyses tant historiques. Xavier Kawa-Topor, qui a fondé la résidence internationale d’écriture de l’Abbaye de Fontevraud, signe également un court essai intitulé : Le Cinéma d’animation, au-delà du réel et tend à montrer que le réalisme est une question qui va bien au-delà de la prise de vue directe. En parallèle, L’Harmattan fait paraitre le deuxième volume d’une anthologie de textes écrits par le critique et historien de l’animation Pascal Vimenet : Un abécédaire de la fantasmagorie – suite.
Pour ceux qui, à Annecy ou de chez eux, auraient envie de se replonger dans l’histoire du cinéma d’animation français, on ne saurait que trop conseiller le documentaire d’Alexandre Hilaire en trois parties Le Cinéma d’animation en France : « Le Dessin animé après Paul Grimault », « Des studios et des écoles » et « Un cinéma de tous les possibles ». Il sera diffusé au festival les 14, 15 et 16 juin, à la télévision sur Ciné+ Famiz entre le 13 et 19 juin et il sortira dans une édition deux DVD accompagné de 14 courts-métrages le 14 juin. Ce film est ponctué d’interventions de personnalités diverses comme Jean-François Laguionie, Sébastien Laudenbach, Sylvain Chaumet, Pierre-Luc Granjon, Didier Brunner, Marcel Jean…
12 juin 2016