Festival d’Annecy 2022 – Jour 0 : Courte présentation
par Nicolas Thys
Alors que le festival d’Annecy débute ce lundi, un record est déjà battu pour l’édition 2022 du festival d’Annecy !
En 2019, lors de sa dernière édition intégralement in situ, qui mettait le Japon et son animation à l’honneur, plus de 12500 accréditations avaient été vendues ce qui n’était jamais arrivé. Ce succès considérable se doublait de salles bondées, et de nombreux spectateurs n’avaient pas réussi à voir ce qu’ils désiraient. Le mauvais temps n’avait pas aidé puisque selon l’équation annécienne : moins il fait beau, plus les salles se remplissent.
La pandémie de 2020 avait changé la donne avec une édition en ligne puis la création d’une version hybride en 2021 qui n’avait permis de réunir que 4000 accrédités sur place et autant online, entrainant une certaine dispersion des publics et un vide absolu du Marché du film. Difficile de prévoir combien reviendraient en 2022, première édition totalement sur place depuis 3 ans. Mais, à la veille de l’ouverture, plus de 13000 accréditations avaient déjà été distribuées. Pour les retardataires, il était impossible d’acquérir autre chose que des accréditations MIFA (Marché du Film), bien plus chères. De plus, trouver un logement fut un casse tête mais tout le monde semblait particulièrement heureux de se retrouver autour d’une montagne de fromage fondue et de films animés.
Cette année la programmation s’annonce aussi particulièrement dense, signe rassurant d’une belle reprise de la production. La Suisse est mise sur le devant de la scène avec, notamment, de nombreux classiques restaurés et en particulier les films de Nag et Gisèle Ansorge, quasi invisibles dans une qualité décente depuis des années. Ce couple, spécialisé dans le sable animé, a œuvré pendant quatre décennies et il est grand temps de pouvoir redécouvrir leur travail.
Si certaines éditions semblent un peu plus faibles que d’autres, cette année La compétition longs métrages s’avère alléchante avec de nombreux films attendus enfin projetés. Citons Unicorn Wars d’Alberto Vazquez, adaptation longue de son Sangre de unicornio, Interdit aux chiens et aux italiens, nouvelle réalisation d’Alain Ughetto presque 10 ans après le merveilleux Jasmine, ou My love affair with marriage de Signe Baumane qui fait son retour au long intimiste après Rocks in my pocket en 2014. Le chinois Lei Lei sera également présent avec avec son premier long métrage : Silver bird and rainbow fish qui entremêle différentes techniques, tout comme Anca Damian avec une robinsonnade musicale : The Island.
Côté courts, la sélection semble essayer de plaire à tous avec des films qui ont peu à voir les uns avec les autres. On remarque de plus en plus une certaine tendance cannoise avec de nombreux cinéastes déjà venus les années précédentes et dont la présence semble désormais « obligatoire ». Reste que l’on attend beaucoup des nouveaux opus d’Anna Budanova (Deux soeurs), Emma Calder (Beware of trains), Hannah Letaïf (La Passante), Shiva Sadegh Asadi (Lakkeh) ou encore Elizabeth Hobbs (The Debutante). Ces réalisatrices, toutes passées par le festival d’Annecy les années précédentes avaient impressionné avec des œuvres particulièrement envoutantes et on espère qu’il en sera encore de même.
Mais cette année, dans le court et le long, c’est la société de production française Miyu qui est largement mise en avant par le festival avec 8 films en compétition officielle. Côté longs, on découvrira Pléthore de nords, premier long de Koji yamamura et Saule aveugle, femme endormie de Pierre Foldes, fils de Peter Foldes qui a beaucoup œuvré à l’ONF/NFB. Il adapte plusieurs nouvelles de Haruki Murakami. Miyu poursuit son chemin japonais à travers le court métrage avec, en sélection, les nouveaux films de Yoriko Mizushiri (Anxious body) et Atsushi Wada (Bird in the peninsula). Mais le festival permettra de découvrir les films de deux jeunes réalisatrices, Tal Kantor (Letter to a pig) et Amandine Meyer (Histoire pour 2 trompettes) qui signent leur premier film professionnel, et deux cinéastes européens plus confirmés et attendus Nikita Diakur (Backflip) et Spela Cadez (Steakhouse).
Au delà de ces compétitions, on pourra voir en séance spéciales les nouveaux films de Michel Ocelot (Le Pharaon, le sauvage et la princesse), Masaaki Yuasa (Inu-Ho), Alê Abreu (Perlimps) mais surtout The Girl from the other side de Yutaro Kubo déjà bien connu pour ses courts expérimentaux et qui se lance dans une adaptation de manga. Dans la section Annecy Classique nous retiendrons d’abord le programme sur la naissance du cinéma informatique, présenté par Pierre Hénon et Jean Baptiste Garnero qui promet des moments rares et intéressants. Enfin, la compétition TV permettra de voir sur grand écran The House, diffusé sur Netflix. Ce film fantastique en volume se compose de trois actes réalisés par Emma de Swaef pour le premier, Nikki Lindroth von Bahr pour le deuxième et Paloma Baesa pour le dernier.
Seule crainte : que le court métrage soit toujours un peu mis à l’écart alors qu’il reste le plus bel espace créatif dans le cinéma d’animation. Si le nombre de séances de films courts reste stable, la séance officielle de la compétition est déplacée à 10h du matin au lieu de 14h et il sera compliqué de voir les films de fin d’études autrement qu’à 22h ou 23h. Pas sûr que les salles soient remplies et qu’ils arrivent à se faire une belle place. Depuis quelques années, Annecy tend à s’industrialiser. Espérons que la tendance ne s’amplifie pas encore.
Dans tous les cas, même si la météo promet d’être belle, il n’est pas sûr que nous voyions beaucoup le soleil ces prochains jours !
13 juin 2022