6 films à voir en famille pour la Journée mondiale de l’environnement
par 24 images
Le 5 juin, c’est la Journée mondiale de l’environnement, placée cette année sous le signe de la biodiversité. À cette occasion et pour prolonger le thème de notre numéro le plus récent, consacré aux Imaginaires du cinéma pour enfants, voici six suggestions de films à savourer en famille pour aborder l’importance de l’environnement et tout simplement s’émerveiller de la diversité du vivant avec les plus jeunes.
THE LIVING DESERT (James Algar / 1953)
Filmer des animaux dans leur habitat naturel, manipuler le réel en forçant la dramaturgie: Walt Disney, l’homme, en avait rêvé… et il l’a fait. Le résultat était alors un tout nouveau type de divertissement : une expérience de cinéma zoologique où la science devenait fiction (et vice versa), au profit d’un émer- veillement fabuleux pour aventuriers et explorateurs de tous âges. Oscar du meilleur long métrage documentaire, Prix spécial du jury au festival de Cannes, premier titre de la collection True-Life Adventures, The Living Desert est un voyage sublime filmé au ras du sol dans les déserts du sud-ouest américain. Danses de séduction des scorpions, musaraignes téméraires qui se jouent des serpents à sonnettes, course éperdue d’un lynx chassé par des sangliers, combat célèbre entre une guêpe noire et une mygale: soyez-en sûr, impossible après cela de ne pas chérir le monde qui nous entoure. – Julien Fonfrède (texte tiré de l’index de notre n°194)
POM POKO (Isao Takahata / 1994)
Cette somptueuse fable magique met en scène les tanukis, ces ratons laveurs qui sont aussi des esprits dans la mythologie japonaise, et leur combat pour préserver leur territoire, grignoté par les projets immobiliers. Débordant d’inventivité, Pompoko traite d’un sujet grave tout en étant l’un des films les plus drôles des studios Ghibli grâce au côté burlesque des tanukis, créatures fantasques et transformistes. Takahata tient ici un discours environnementaliste puissant et lucide, qui ne se généralisera dans le cinéma pour enfants américain qu’au cours de la décennie suivante. Dans sa réflexion sur la vie urbaine d’humains agissant comme des dieux tout-puissants et sur la façon dont l’oubli de la nature va dangereusement de pair avec une perte de la culture, Pompoko parvient à philosopher à hauteur d’enfant et réussit le pari de captiver les spectateurs dès un très jeune âge, sans pour autant céder au simplisme ou à un optimisme facile. – Apolline Caron-Ottavi (texte tiré de l’index du n°194)
HAPPY FEET et HAPPY FEET II (George Miller / 2006 et 2011)
« Dans le premier film, la pêche industrielle a vidé la mer et laisse les pingouins affamés, alors que dans le second le mouvement des icebergs emprisonne les animaux, incapables de rejoindre l’eau pour s’alimenter, donnant à l’Antarctique des allures d’un désert postapocalyptique aux ressources insuffisantes, pillées par l’avidité humaine (…) Loin d’être des œuvres mineures dans la carrière de George Miller, nous retrouvons dans les Babe et les Happy Feet toute la virtuosité propre aux Mad Max, la même singularité esthétique, et des thèmes qui, plutôt que dilués, apparaissent comme des variantes plus lumineuses». – Sylvain Lavallée (extrait de l’article George Miller, survivre à la cruauté du monde, publié dans notre n°194).
PONYO SUR LA FALAISE (2008)… et plus généralement tous les films d’Hayao Miyazaki
« Si sa filmographie reste profondément ancrée dans la culture nipponne, le cinéaste a développé, de film en film, une morale humaniste et des thématiques universelles qui expliquent en grande partie le succès de ses longs métrages à travers le monde. Bien avant que ces idées ne deviennent populaires, sa conception anticapitaliste de la société, ses prises de position écologiques, son engagement féministe et son rejet de toute forme de manichéisme ont fait de sa démarche artistique un antidote à la pensée hégémonique et conservatrice véhiculée par le cinéma de Walt Disney ». – Damien Detcheberry (extrait de l’article Hayao Miyazaki, l’art de l’enfance, publié dans notre n°194).
WALL-E (Andrew Stanton / 2008)
« Wall-E s’ouvre sur une image de la Terre, décimée de toute forme de vie humaine. Une puissante multinationale, Buy n Large, a produit tellement de déchets polluants que la planète est devenue invivable. C’est dans un immense vaisseau spatial que les humains attendent, depuis plusieurs générations, le retour de meilleures conditions. Les siècles d’inactivité les ont rendus obèses. Un petit robot, Wall-E, consacre ses journées à compacter les débris qui jonchent la planète. Il trouve parfois des petits accessoires témoignant du passage de la race humaine sur Terre ». Lire la critique complète de Marco de Blois sur le film, qu’il qualifiait de « l’une des plus belles offrandes d’Hollywood de l’année».
LA TORTUE ROUGE (Michael Dudok de Vit / 2016)
Pour un enfant, La Tortue rouge parle le langage de l’universel : celui des corps et des visages, celui des émotions que l’on ressent sans avoir besoin de les verbaliser. Aucune parole n’est prononcée dans ce film de 80 minutes, mais tant de choses sont dites. C’est l’histoire d’un naufrage, celui d’un homme sans nom, Robinson d’une temporalité insaisissable, qui se nourrit à la source des légendes autant qu’à celle du réel. C’est donc l’histoire de l’Homme, confronté aux forces de la nature qui l’écrasent parfois, mais qu’il ne se résigne jamais à subir. C’est aussi une histoire d’amour entre un homme et une femme tortue, émanation de cette nature qu’il cherche à posséder. De l’union des deux naîtra un enfant, promesse d’un avenir incertain, qui finira par abandonner ses parents pour fuir vers un horizon d’où peut surgir la vie, aussi bien que la mort. Amour, lutte contre les éléments, rapport à la nature, appel de l’aventure et cycle de la vie: oui, vraiment, pour un enfant, La Tortue rouge parle le langage de l’universel… – Cédric Laval (texte tiré de l’index du n°194)
5 juin 2020