CLAUDE BEAUGRAND (1949-2023)
par Robert Daudelin
C’était un grand professionnel, sa volumineuse filmographie en témoigne éloquemment. Cinéastes de fiction (Leduc, Binamé, Villeneuve, Pool), comme documentaristes (Perrault, Lambert, Giguère, Rached, Chabot) ont sollicité sa collaboration et ont su apprécier sa créativité, sa disponibilité aussi.
C’était un « preneur de sons » et il savait comment les attraper, les dompter, les domestiquer, voire les transformer, ne craignant pas les entreprises expérimentales – ce qui permet à Yves Rousseau, dans Le dictionnaire du cinéma québécois, d’affirmer qu’il « donne tout son sens au titre de concepteur sonore ». Mais Claude était même plus que ça : c’était un musicien, un compositeur qui savait trouver l’harmonie qui sommeille dans les sons bruts. Pas surprenant que depuis sa retraite, le Nagra enterré sous les feuilles mortes, il se soit mis, discrètement, à composer de véritables œuvres sonores ; son ami Pierre Hébert, dans l’émouvant témoignage qu’il a publié sur Facebook, les évoque comme autant de « contributions majeures à la réflexion sur le son au cinéma et sur le cinéma tout court ».
Claude Beaugrand était un homme généreux, ouvert à la vie. Tous ceux qui ont eu le bonheur de travailler avec lui ont mieux compris le cinéma à son contact : son apport au cinéma québécois est immense et nous lui devons beaucoup.
P.S. Curieuse coïncidence, Claude nous a quittés en même temps que l’astrophysicien Hubert Reeves dont il avait astucieusement brouillé les rêveries philosophiques dans Trois pommes à côté du sommeil de son ami Jacques Leduc.
Crédit photo : Pierre Letarte. Merci à Élodie Poirier-Beaugrand et Serge Giguère pour l’envoi.
21 octobre 2023