Que quelques solitudes
par John Blouin
E Agora? Lembra-me fonctionne enfin. Putain de Bluray du bout du monde. Placer un black comme un souffle avant un film sur le souffle, celui de la fin de vie, celui du sursis, celui de la vie sans cesse. Dimmer les lumières pour ne pas baver sur l’écran, sur les diapos de ce qui reste à voir. En entrant, en fond de salle, le dernier Timber Timbre, pour accueillir le regard, préparer la traversée. En ramassant deux trois popcorns par terre, sentir le souffle de la salle, la fan du projecteur, et l’envie de libérer le faisceau du shutter.
Que la lumière soit.
– 8 min, nobody
+ 8 min, nobody
…
Pour personne, me suis projeté
ce que j’ai programmé
et lonely face à face au générique
marqué
What now? Remind me.
II
Venait d’arriver. 45min d’avance. Aussi pétillante qu’angoissée. Son premier film, sa première projection. On a testé ça ensemble, elle n’en revenait pas de la cabine, de l’écran, les défauts en si gros! Un miroir. Dans la marquise, l’ai aidée à mettre son affiche. Quatre punaises transparentes.
Personne a – 8 min, + 8 non plus.
À côté des vieux bancs verts et vides, elle s’effritait avec le room tone.
« Bon, t’es venu pour projeter ton film, on va projeter ton film »
Entre rire et sanglot, elle s’assoit, au milieu vers l’avant laissant derrière le rien. Suis monté dans la cabine, fermé délicatement la lumière. Ouvrir les rideaux. Ouvrir le faisceau. La voir d’en haut, seuls.
Suis descendu m’asseoir derrière.
10 avril 2014