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Chroniques

Revisiter Kirk Douglas

par Apolline Caron-Ottavi

Il était le dernier géant d’Hollywood, dont il a été une icône plusieurs décennies durant. Kirk Douglas aura eu une longévité à la mesure de sa carrière : né Issur Danielovitch le 9 décembre 1916, il est décédé le 5 février 2020, à l’âge de 103 ans.

L’homme à la fossette a marqué l’imaginaire du cinéma et au-delà : il restera à jamais l’inoubliable Spartacus sous l’œil de Kubrick, le légendaire Doc Holliday dans le fameux Gunfight at the O.K. Corral de John Sturges, le détestable producteur hollywoodien de The Bad and the Beautiful de Vincente Minnelli ou l’indomptable Einar dans les Vikings de Richard Fleischer.

Si ces titres demeurent peut-être les plus célèbres de sa carrière, la filmographie de l’acteur regorge de chefs d’œuvres et de grands rôles, touchant à tous les genres. On se permet 5 suggestions de films à (re)découvrir, même si bien sûr la liste est loin d’être exhaustive.

Champion de Mark Robson – 1949

Ce film noir de boxe vaut à Kirk Douglas sa première nomination aux Oscar en tant que meilleur acteur (un prix qu’il ne décrochera d’ailleurs jamais). Son interprétation sèche, précise et complètement habitée d’un boxeur tourmenté est aussi l’occasion de se rappeler que l’acteur a commencé sa carrière dans le sport, en tant que lutteur.

Ace in the Hole de Billy Wilder – 1951

Échec commercial à l’époque, Ace in the Hole était pourtant, de tous ses films, celui que Billy Wilder préférait. Kirk Douglas y interprète un journaliste ambitieux et sans scrupules, prêt à tout pour exploiter un scoop le jour où il le tient. Grâce à cette critique acerbe du sensationnalisme médiatique, qui n’a rien perdu de sa pertinence avec le temps, l’acteur démontre déjà toute la complexité de son jeu, loin de la figure du héros à l’américaine.

Lust for Life de Vincente Minnelli – 1956

Kirk Douglas s’est tellement investi dans le rôle de Vincent Van Gogh qu’il a eu des difficultés à s’en remettre : il disait d’ailleurs que si c’était à refaire, il ne le referait pas. Reste que la façon dont il donne vie au peintre torturé est magistrale. Dans sa confrontation saisissante avec Anthony Quinn en Paul Gauguin, il fait preuve d’une sensibilité à fleur de peau qui fait de Van Gogh l’un de ses rôles les plus émouvants.

Paths of Glory de Stanley Kubrick – 1957

Le film qui a permis au jeune Stanley Kubrick d’asseoir son talent immense. Pendant la Première Guerre mondiale, des soldats qui ne sont pas parvenus à sortir des tranchées sous le feu ennemi sont condamnés à mort par des haut-gradés déconnectés et cruels. Ce chef d’œuvre d’antimilitarisme est porté par la performance de Douglas dans le rôle du Colonel Dax, qui résiste de façon désespérée à sa hiérarchie pour éviter un massacre injuste.

Lonely Are the Brave de David Miller – 1962

Inséparable de son cheval Whisky, un cowboy inadapté au monde moderne se transforme en fugitif. Après une course poursuite spectaculaire, il rencontre son destin près de la frontière mexicaine. Film préféré de Kirk Douglas qui en est l’interprète principal aux côtés de Gena Rowlands et Walter Matthau, cet adieu au paradis perdu fait partie des films incontournables selon Steven Spielberg. (Texte de Gérard Grugeau, tiré de notre dossier Western, histoires parallèles).


6 février 2020