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Critiques

4 minutes

Chris Kraus

par Juliette Ruer

Ça roule lourdement, mais ça roule quand même; avec quelques éclaircies. 4 minutes de Chris Kraus est un drame bien pesant qui passe d’un plaisir à un autre; des souvenirs douloureux sous l’Allemagne nazie à la violence crue d’une prison de femmes dans l’Allemagne d’aujourd’hui. Tout cela serait d’un ennui total sans la présence d’une actrice et sans sa capacité à être… violente.

Cela peut sembler commun maintenant de parler de violence au cinéma, mais de rendre ce caractère « cinématographique » n’est pas une évidence. Il faut que ce soit à la fois naturel et dérangeant. La jeune Hannah Herzsprung, sortie de nulle part mais prête à donner beaucoup, est d’une énergie rare. Prisonnière à problèmes dans ce pénitencier, elle se calme grâce à la musique et va connaître 4 minutes de bonheur grâce à une vieille prof de piano, subjuguée par le personnage et par son talent. La musique adoucit les mœurs, on n’en fera pas un paragraphe. Par contre, entre les notes, l’actrice est un animal sauvage qui sans être jamais hébétée, passe d’un état de veille à des éclats de violence fulgurants. Elle est inquiétante cette fille, on ne sait jamais trop quand elle va péter un plomb. Une autre façon de crever l’écran.

Autour d’elle, de bons acteurs et beaucoup de convenance. Peu d’émotions bien rendues, alors qu’à chaque scène, l’auteur nous en ficelle un lot. Autre éclaircie cependant, musicale celle-ci : ce morceau de bravoure au piano qui donne le titre au film est une découverte. Il est signé Annette Focks et aurait une petite ressemblance – s’il fallait une comparaison – avec du Keith Jarrett sur speed. Une vitesse et une force qui vont très bien à cette actrice.

 


12 juin 2008