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Critiques

4 mois, 3 semaines, 2 jours

Cristian Mungiu

par Juliette Ruer

Avortement illégal, communisme en fin de course et Roumanie épuisée; ça vous plombe un film. Et il faut vraiment un talent inouï pour sortir quelque chose de nouveau à un public d’aujourd’hui, qui en a vu des récits déprimants sur tous les totalitarismes de la terre ! Palme d’or au dernier Festival de Cannes, le film de Cristian Mungiu n’a de neuf que son style, mélange entre une approche naturaliste de longs plans séquences extrêmement précis et le sous-texte de toutes les mutations d’une société sans liberté. Système D, soupçons, peur, désespoir, violence, apathie et, dans  le cas du film, zéro questionnement moral, par rapport à l’avortement et à tout le reste.

Dans chaque plan, plusieurs histoires. Un paysage terriblement bien cadré ou, dans chaque recoin, on remarque les traces d’une humanité en déroute, d’une société cassée. Dans le désordre : la violence qui éclate dans un mariage, une voiture délabrée, le sac de plastique pour ne laisser aucune trace d’un avortement, l’étroitesse des pièces, le troc, les dettes, le délabrement urbain et les rapports civiques qui vont d’indifférents à violents. Dans une société pareille, l’espoir est impossible, l’amour difficile. La résilience est le mode de fonctionnement. Et la dernière image, terrible de banalité avec un regard caméra, ressemble à une supplication. Tout ça pour ça? Faites en sorte que cela ne recommence jamais…


21 octobre 2007