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Critiques

9

Shane Acker

par Bruno Dequen

La coïncidence est trop évidente pour ne pas être mentionnée. Il y a un mois à peine sortait sur les écrans District 9, premier long-métrage de science-fiction de Neill Blomkamp, un jeune cinéaste sud-africain. Adapté de son propre court-métrage Alive in Joburg, le film fut produit par nul autre que Peter Jackson. Or, cette semaine, les spectateurs sont conviés au dévoilement de 9, premier long-métrage d’animation de Shane Acker.  Adapté de son court-métrage homonyme oscarisé, le film est produit par Tim Burton. Qui sera le prochain chanceux à recevoir le parrainage d’un ponte de l’industrie?

Mais les similitudes ne s’arrêtent pas au contexte de production. Les deux oeuvres possèdent en effet une facture visuelle impressionnante pour des premiers films. Le mariage entre les images de synthèse photo-réalistes et le style pseudo-documentaire du film de Blomkamp a immédiatement su attirer l’attention de nombreux cinéphiles qui ont fait du film un des succès de l’été. En ce qui concerne 9, le spectateur se retrouve plongé au coeur d’un univers post-apocalyptique fascinant, une sorte de futur alternatif de la Seconde Guerre Mondiale peuplé de machines destructrices et de poupées dont le corps est composé de sacs de pommes de terre, de fermetures éclair et de boutons. Dernière création d’un savant génial avant sa mort, 9, une de celles-ci, va progressivement découvrir huit de ses semblables. Mais ces uniques survivants d’une guerre sans pitié entre humains et machines ne sont pas seuls. Des robots maléfiques rôdent toujours, et l’affrontement deviendra vite inévitable.  Néanmoins, passées les impressionnantes premières minutes, les deux films souffrent de scénarios convenus et simplistes, et l’action ininterrompue occupant le reste du temps de projection achève malheureusement de détruire le potentiel de bonnes idées initiales qui fonctionnaient au final très bien dans le format du court-métrage.

Dans le cas de 9, le déception est d’autant plus grande que le style visuel du film, aussi impressionnant soit-il, manque cruellement d’originalité.  Le décor rétro-post-apocalyptique est le même que celui du jeu vidéo Gears of War, lui-même inspiré par l’anime Jin-Roh. Les personnages de poupées possèdent d’étranges similarités avec ceux du jeu Little Big Planet. Bref, rien de neuf sous le soleil. Ce ne serait pas si grave si le récit ou les personnages présentaient un minimum d’intérêt. Mais comme le tout se résume à la confrontation de personnages stéréotypés (le vieux grincheux, les jumeaux intelligents, la femme spécialiste de kung-fu…) avec des machines démoniaques ayant (bien entendu) anéanti l’humanité, on se dit rapidement que cette oeuvre serait bien plus intéressante en jeu vidéo. Tant qu’à proposer des esquisses de personnages dans le seul but de mettre en scène des séquences d’action, autant pouvoir les jouer. Si le cinéma d’animation ne veut pas devenir un sous-produit de l’industrie du jeu, il va falloir dépasser la simple démonstration technique et se reconcentrer sur le plus important, un récit significatif.


9 septembre 2009