Anna M.
Michel Spinoza
par Helen Faradji
Il y a un peu d’Adèle H. dans cette Anna M. Un peu de La pianiste aussi. Et un peu de la Glenn Close de Liaison Fatale encore. C’est que, comme ses consoeurs, Anna M. est folle. De cette folie bien particulière, appelée érotomanie, qui ne touche que les femmes. Prise d’une obsession amoureuse terrifiante pour un médecin (Gilbert Melki), Anna M., une restauratrice de livres anciens, va donc s’enfoncer dans son délire au rythme d’une mise en scène étouffante et à la précision clinique. De l’illumination à la haine, de l’espoir au dépit, comme nous l’annoncent des panneaux noirs quelque peu inutiles, mais qui n’enlèvent rien au charme vénéneux de ce thriller sentimental tendu. Il faut dire qu’on ne l’attendait pas là, Michel Spinoza, lui qui avait joliment mais beaucoup plus confortablement tâté de l’air du temps dans Emmène-Moi et La Parenthèse Enchantée. Pas plus qu’on n’attendait d’ailleurs Isabelle Carré dans ce rôle. Tour à tour touchante, agaçante, effrayante, elle révèle une gravité, une profondeur sur lesquelles sa blondeur angélique et candide avait jusqu’à maintenant jeté un voile. Tant mieux. Désormais, on pourra le dire sans nuance : Isabelle Carré est définitivement une grande actrice.
16 octobre 2007