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Critiques

Batman Begins

Christopher Nolan

par Pierre Barrette

Suivant une tendance qui est en train de se généraliser à Hollywood, le dernier film de la série des Batman constitue ce qu’il est désormais convenu d’appeler un prequel : en effet, plutôt qu’une simple suite aux aventures du célèbre héros en costume de chauve-souris, le film de Christopher Nolan se propose d’explorer la genèse du personnage. Il s’ensuit une œoeuvre beaucoup plus réaliste que les trois premières, moins centrée sur les gadgets habituels, un récit qui tente un peu contre les lois du genre d’offrir une explication psychologique à la transformation du milliardaire Bruce Wayne en justicier anonyme. Cet effort sensible du réalisateur de Batman Begins, dont il est également le coscénariste, donne à l’histoire des résonances psychanalytiques intéressantes et permet une présentation du personnage moins simpliste que ce à quoi nous a habitués la grande majorité des films inspirés des comics classiques ; le spectateur adulte voit ainsi son intelligence respectée la plupart du temps.

Toutefois, le problème d’un blockbuster de 150  millions de dollars, lancé durant la saison estivale dans l’espoir de profiter du pactole que représente le public adolescent, c’est que l’argent doit bien paraître à l’écran à un moment ou à un autre autrement que sous la forme de dialogues incisifs et brillants ! Voilà qui explique, on l’imagine, que le dernier tiers du film multiplie les cascades, les improbables courses en batmobile, les complots diaboliques déjoués in extremis, le tout conçu sans grande originalité, bien loin en tout cas du style gothique-postmoderne qu’avait su imprimer un Tim Burton à sa Gotham City décadente. Dommage, puisque tout le film jusque-là nous avait habilement fait accepter l’idée d’un Batman plus humain et plus intelligent, qui puise dans les ressources de la science – et non dans quelque pouvoir surnaturel – ses armes pour combattre la criminalité.


10 juillet 2008