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Critiques

Compilation: Jacques Giraldeau et l’art

Jacques Giraldeau

par Gilles Marsolais

Il faut saluer la parution sur DVD de la compilation Jacques Giraldeau et l’art, déjà sortie sur VHS en 1995. Cette initiative de l’ONF permet d’enrichir un corpus cohérent qui ne pourra que bénéficier d’une qualité d’image nettement supérieure et de cette nouvelle diffusion, en l’accompagnant de deux autres films de long métrage : Les amoureux de Montréal (1992) et L’ombre fragile des choses (2007).

« Un infatigable chercheur d’art », tel que Marc Favreau l’avait épinglé avec humour, Jacques Giraldeau aura consacré une bonne partie de son activité de documentariste à brosser le portrait de la vie culturelle du Québec sous l’angle des arts visuels, et à situer celle-ci dans son contexte social, historique et politique, en cernant ses principales étapes, de film en film. Observateur discret mais lucide, il a constitué une œuvre cohérente au fil des années. Même si certains films, en noir et blanc, ont vieilli, qui abordent des sujets qui nous paraissent futiles aujourd’hui, ils n’en représentent pas moins des témoignages irremplaçables, dans la mesure où ils participent d’une même interrogation sur les rapports entre l’artiste et le public. Plaidoyer en faveur de la liberté d’expression, Bozarts (1969) s’impose comme le fer de lance de cette démystification de l’art, alors que des films tels que Le tableau noir et La toile blanche (1989 tous les deux) traitent du marché de l’art et du rapport (obligé) de l’artiste avec l’argent.

Pour leur part, La toile d’araignée (1979) se veut une tentative d’alphabétisation artistique, un essai d’explication et d’illustration de l’art, sous l’angle de la pratique des arts visuels, tandis que Blanc de mémoire (1995) se présente comme une enquête bizarre, truffée de clins d’œil malicieux, sur l’introduction de la modernité dans l’art et la société québécoises. La recherche d’un mystérieux personnage, Évariste Quesnel, constitue le prétexte amusant de suivre à la trace les principales étapes de l’art moderne au Québec.

Bref, cette constante, qui sans relâche tente de définir la raison d’être de l’art dans la société, définit l’approche de Jacques Giraldeau dans la douzaine de films de tous formats retenus ici. Incidemment, après avoir mis à contribution près de deux cents artistes dans ces documentaires, il a décidé un jour de passer lui-même à la création, en investissant aussi bien les secteurs de la peinture et de la gravure que du cinéma d’art – ce dont témoignent non sans humour deux films d’animation, Opéra zéro (1984) et Les iris (1991) coréalisé avec Suzanne Gervais, axé sur la vente du célèbre tableau de Van Gogh chez Sotheby’s à New York, ainsi que L’ombre fragile des choses, qui, sur un ton personnel cette fois, mise à fond sur l’analogie et la technique du collage pour alimenter le choc des émotions (voir Jacques Giraldeau. Un cinéaste discret dans l’ombre fragile des choses, 24 images, n° 132, p. 54-55).

COMPILATION JACQUES GIRALDEAU
Contient 13 films réalisés entre 1969 et 2007, répartis sur 6 DVD :
Production : ONF, en français, en couleur et en noir et blanc, durée totale : 481 minutes 27. Prix : 64,95 $


15 janvier 2009