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Critiques

Durs à cuire

Guillaume Sylvestre

par Gilles Marsolais

Belle audace de présenter Durs à cuire de Guillaume Sylvestre comme film d’ouverture de ce 36e Festival du nouveau cinéma, lequel réaffirme ainsi le créneau particulier qu’il entend occuper dans la guerre (locale) des manifestations cinématographiques. Ce film iconoclaste fort sympathique, cernant l’univers des chefs Normand Laprise (Toqué!) et Martin Picard (Le pied de cochon), impose l’idée d’une façon de faire québécoise qui détraque le mécanisme de la restauration à la française, ou qui, du moins, égratigne l’image guindée et dictatoriale qu’elle renvoie d’elle-même. Le portrait authentique de ces jeunes chefs, au profil opposé, et de leurs fidèles acolytes (dont Charles-Antoine Crête) qui vivent de leur art et jouent leur vie à cent à l’heure, sur fond d’une amitié sincère, n’est pas complaisant pour autant. La leçon apprise en Catalogne autour de l’abattage d’un cochon, ou celle donnée à Hong Kong à des Chinois éberlués valent le détour pour la part d’ombre et de lumière qu’elles dévoilent des personnages. Philosophe ou terrien, pestant contre la cuisine aseptisée imposée par la mondialisation, ces Durs à cuire ont en commun de n’accepter aucun compromis sur la qualité et les saveurs authentiques.


10 octobre 2007