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Critiques

Flight of the Conchords, saison 2

Bret McKenzie

par Helen Faradji

En matière de séries, HBO est une chaîne à la programmation irréprochable. Ce n’est pas un scoop. Mais pour chercher la petite bête, on peut toujours s’amuser à révéler leur talon d’Achille : la comédie. Certes, il y eut Da Ali G Show ou Extras dans les débuts. Curb your Enthousiasm aussi continue à tenir le fort. Mais force est de constater que dans l’océan de séries lourdes – et impeccables -, que la chaîne ne cesse de mettre de l’avant, c’est peu. Petit oasis dans un océan d’images intenses, Flight of the Conchords vient à sa manière rétablir l’équilibre.

Après les américains à Paris, c’est donc au tour de néo-zélandais d’arpenter cette fois les rues de New York. Bret McKenzie et Jemaine Clement, de leurs (vrais) noms. Deux musiciens (pour de vrai aussi) qui tentent de se faire une place dans l’univers impitoyable de la scène artistique locale et dont James Bobin, co-créateur de l’objet avec les deux sus-nommés, nous fait observer les péripéties avec l’acuité d’un documentariste. Attention pourtant, si le tout a la couleur du vrai, le goût du vrai, l’odeur du vrai, c’est bien l’imaginaire qui se taille la part du lion dans cet univers. Car non content d’être deux étrangers perdus dans un pays dont ils ne maîtrisent pas les codes, nos deux joyeux compères sont aussi deux grands gamins trentenaires tâtonnant du mieux qu’ils peuvent dans un monde d’adultes. Même leurs instruments semblent tout droit sortis d’un coffre à jouets miraculeusement rescapé des années 80. Aucune volonté, aucun sens des responsabilités : les deux zouaves sont officiellement inadaptés. Quelle meilleure recette pour une comédie réussie?

Bien sûr, elle n’est pas nouvelle. La formule est presque infaillible, même. Mais il y a dans Flight of Conchords ce petit plus qui la rend parfaitement neuve à nos yeux : la musique. Car le duo chante. Et bien en plus. En parodiant avec talent, vocalement et visuellement, tout ce que le monde de la musique peut compter de styles ou d’icônes (de Marvin Gaye à Santana, de Justin Timberlake à Paul McCartney). Comme dans une comédie musicale, en somme, l’aspect vieillot en moins.

Enfance, musique, mockumentary, réelle originalité, hyper-référentialité (dans les musiques, bien sûr mais aussi dans le scénario qui multiplie les clins d’oeil à une certaine culture populaire) : Flight of the Conchords tire sur les bonnes ficelles pour se rendre formidablement attachante. En y ajoutant un esprit do-it-yourself, misant sur une débrouillardise paradoxalement très ambitieuse plutôt que sur un budget confortable, leur permettant par exemple de recréer à leur façon une scène de West Side Story ou d’accueillir Art Garfunkel en guest-star, et incluant quelques hilarants comédiens de stand-up comme Rhys Darby, Arj Barker et Kristen Schaal, ce n’est plus une mais trente cerises de plus sur le gâteau. Au cinéma, Spike Jonze, Wes Anderson ou Michel Gondry (d’ailleurs invité comme réalisateur sur un des épisodes de cette saison 2, il n’y a pas de hasard) avaient déjà testé et éprouvé ce genre de mélange. Le passage à la télé ne lui enlève pas une once d’efficacité.

Forte de suppléments assez drôles dont le premier coffret était dénué, – le succès est venu entre les deux saisons, et pas à petit pas -, la deuxième saison de cette série relativement courte est donc désormais disponible pour emporter. Seul défaut majeur que l’on puisse lui trouver : elle est annoncée comme la dernière de cette œoeuvre aussi unique qu’elle est rafraîchissante. Mais il ne faut jamais dire jamais.

 


13 août 2009