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Critiques

Frédéric Back à l’honneur

Frédéric Back

par Marco De Blois

En 2006, le cinéaste d’animation Norman McLaren était mis à l’honneur grâce à l’édition de l’ensemble de son œoeuvre sur DVD et à une série de rétrospectives dans des institutions prestigieuses à travers le monde. En 2007, c’est au tour de Frédéric Back de se retrouver sous les feux de la rampe.

Les festivités autour de l’œoeuvre de Back se déploient ces jours-ci en trois volets : sortie d’un coffret DVD intitulé Les Classiques de Frédéric Back, mise en ligne du site www.fredericback.com et inauguration de l’exposition Frédéric Back, L’œoeuvre et les gestes à l’Espace Création de Loto-Québec.

On oublie parfois que l’œoeuvre de Back est entièrement d’origine radio-canadienne. Le cinéaste d’animation est en effet l’un des seuls au Canada à avoir pu édifier une filmographie aussi riche sans le soutien de l’ONF. Fondé en 1968 par le producteur Hubert Tison, le studio d’animation de Radio-Canada avait comme fonction de répondre aux besoins de la maison en matière d’animation (ouvertures d’émissions, génériques, vignettes d’identification, etc.). Sous l’initiative de l’infatigable Tison s’est ajoutée aux activités du studio la production de films d’auteur.

C’est dans ce contexte que, de 1968 à 1993, Frédéric Back a pu réaliser une dizaine de films, depuis Abracadabra (coréalisé avec Graeme Ross) jusqu’au Fleuve aux grandes eaux, terminé après la dissolution du studio en 1987. Tison a également produit des films de Graeme Ross, de Mino Bonan, et a même invité Paul Driessen, jusqu’alors rattaché à l’ONF, à y réaliser Tip Top et Jeu de coudes.

S’il y a un genre qui caractérise les films de Back, c’est bien celui de l’épopée : épopée de l’histoire du Québec dans Crac !, épopée des splendeurs et misères du Saint-Laurent dans Le Fleuve aux grandes eaux, épopée de la renaissance d’une forêt dans L’homme qui plantait des arbres. Le cinéaste a utilisé une technique artisanale (crayons de cire sur feuilles d’acétate givrées) pour réaliser des œuvres mémorables portées par un sens du spectacle. En effet, avec le mélange de minutie et de dextérité qui a fait sa renommée, Back a dessiné des tableaux en mouvement présentant un réalisme d’inspiration impressionniste et, surtout, un véritable souffle narratif.

Militant écologiste aux convictions inébranlables, le réalisateur saisit l’occasion de chaque film pour poser un regard sur le monde – davantage que pour raconter une simple histoire. Si certains l’accusent de pécher par moralisme, il faut admettre que son œuvre ne souffre d’aucune concession, qu’elle affiche la même cohérence du premier jusqu’au dernier photogramme. Et si parfois la dénonciation se fait féroce chez lui, on retrouve dans son travail de nombreux moments de joie et d’espoir. Ses films ont reçu une abondance de prix, dont deux Grands Prix au festival d’Annecy et deux Oscars.

Produit par Radio-Canada, le coffret DVD de quatre disques comprend tous les films du réalisateur, auxquels s’ajoutent des commentaires de Frédéric Back et d’Hubert Tison, de même qu’une galerie de photographies.

 


12 avril 2007