Le monde selon Monsanto
Marie-Monique Robin
par Juliette Ruer
Voilà un petit film pour se fâcher tout seul dans son salon Et pas besoin d’avoir un écran au plasma pour en saisir les subtilités visuelles : tout est sujet dans le Monde selon Monsanto, de Marie-Monique Robin. Qu’importe la forme. Une entrevue est une entrevue, un champ de soja est un champ de soja. Le livre dont il est tiré est donc plus intéressant, mais l’image fait son travail de réduction et ce qu’on voit a déjà de quoi angoisser.
Il s’agit de la recherche d’une reporter française reconnue. Une enquête qui a duré 3 ans sur Monsanto, leader mondial des biotechnologies, qui détient les brevets de plus de 90 % des OGM cultivés dans le monde. Implantée dans 46 pays, cette compagnie de St Louis Missouri était, à l’origine, une des grandes entreprises chimiques du 20ème siècle. On lui doit les BPC, les dioxines contenues dans l’agent orange, l’aspartame, le DTT et les hormones de croissances laitières, tous des produits reconnus toxiques. Aujourd’hui, si Monsanto fabrique encore le Round Up, l’herbicide le plus vendu, et commercialise les semences transgéniques, elle se présente néanmoins comme une compagnie agricole exemplaire qui travaille pour nourrir l’humanité. Rien de moins.
Rapports mensongers, pressions sur les gouvernements, tentatives de corruption, intimidations, rétention de résultats d’analyses, appauvrissement de cultures agricoles dans un nombre grandissant de pays, monocultures imposées, licenciements, faillites, malformations, maladies, morts et suicides : qu’une entreprise soit impliquée dans autant de « travers » dépasse l’entendement. C’est Orwellien.
Même si la journaliste n’est pas en faveur des OGM ce n’est pas ici le débat, mais ça teinte sa réflexion la mise à jour du fonctionnement de cette entreprise est assez bouleversante pour vous faire acheter de la sauce soja bio à vie. Une compagnie internationale de la sorte n’est pas un organisme de charité, mais on vient de soulever le voile. La moyenne des ours n’a souvent aucune idée des coups bas, de la perversité et du tordu de la course au profit. Les affaires ne s’exposent pas. Le souci, c’est que cette société privée est devenue assez puissante pour menacer la sécurité alimentaire du monde. Et que nous sommes maintenant au courant.
18 septembre 2008