Nous, les vivants
Roy Anderssen
par Rachel Haller
Comment décrire le cinéma de Roy Anderssen? Un mélange de Kaurismäki sous acide (et non sous alcool) et de Fellini neurasthénique? Une bouffée de cynisme délirant dans la froideur d’une nuit scandinave? Le fruit d’une imagination au bord du précipice? Tous ceux qui ont reçu Chansons du deuxième étage comme un coup de poing dans leurs certitudes cinéphiliques comprendront l’étendue du dilemme. D’ailleurs, on retrouve dans Nous les vivants, le deuxième OCNI (objet cinématographique non identifiable) du génial Suédois, le même univers inénarrable, en moins ambitieux et plus dépressif. Des personnages improbables, des situations grotesques et un sépulcre de symétries immobiles aux perspectives aussi longues qu’une vie sans soleil. Un vieillard de tirer un chien ligoté à son déambulateur. Une famille en furie de mâcher du pop corn devant une séance de chaise électrique. Un vieux squelettique d’avouer sa banqueroute sous les chevauchées de son adipeuse amante. Un collège de juges de se plier à la vindicte populaire, une bière à la main Bref, courrez-y, d’autant qu’il risque de manquer par ici de distributeurs suffisamment hardis.
15 octobre 2007