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Critiques

Penelope

Mark Palanski

par Helen Faradji

Penelope a 25 ans, est très bien née et serait jolie comme un cœoeur si ce n’était de ce groin de cochon qui la défigure. La faute à une sorcière qui il y a fort longtemps damna son aïeul…

Inutile d’aller plus loin, le mandat que se donne Penelope, premier long de Mark Palanski produit par Reese Witherspoon, est très clair : c’est celui de la fable. Pour adultes, certes, bien menée, re-certes, romantique et originale, certes encore. Mais qui dit fable, dit aussi morale. Et si celle de Penelope peut, au premier degré, sembler bien réconfortante, elle ne voit toutefois pas plus loin que le bout de son nez…de cochon.

Palanski a pourtant parfaitement révisé son petit manuel de cinéaste néo-burtonien. Comme chez l’auteur d’Edward Scissorhands et de Big Fish, la mise en scène de Penelope convoque en effet de belles envolées stylistiques néo-expressionnistes tout en sachant aussi faire la part belle aux couleurs vives et aux personnages truculents. Rien à redire donc de ce côté-là, le cinéaste vient de faire ses armes avec honneur, faisant même évoluer son petit monde sur un rythme endiablé que n’aurait pas renié les grands de la comédie américaine classique.

C’est davantage en examinant le scénario de Penelope que les espoirs seront déçus. Incarnée avec présence par Christina Ricci, l’héroïne ira de déceptions en déceptions lorsque tous ses soupirants (capables par leur amour pur de briser le sort) se dégonfleront en voyant son visage. Sa mère insistera pour elle : ce n’est qu’en se mariant, et dans son rang s’il vous plaît, qu’elle trouvera le bonheur. Heureusement, le film délaisse peu à peu cette ligne passéiste et réactionnaire pour laisser la jolie Miss Piggy se faire sa propre idée du monde. Et c’est là que notre fameuse Morale fera des siennes : en prononçant les mots « je m’aime telle que je suis », Penelope sera finalement délivrée. Comprendre : en s’acceptant, sans se soucier du regard des autres, nous finissons par trouver le chemin du bonheur. Voilà qui serait très joli si l’héroïne gardait effectivement son groin. Car s’accepter, avec le visage d’origine de la Ricci, n’est tout de même pas si insurmontable. Inachevée, la fable laisse alors même planer ce désagréable sentiment : la différence n’est pas à accepter, elle ne permettra jamais de s’intégrer, elle ne sera jamais normale, elle doit donc être éliminée. C’est Tim Burton qui ne serait pas content.

 


17 juillet 2008