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Critiques

Silent Light

Carlos Reygadas

par Rachel Haller

Temps suspendu au lever du soleil. Frémissement des feuilles, ébrouement des oiseaux. Silence à peine troublé. Cette ouverture au ralenti (immense travelling) annonce déjà la consécration d’une esthétique de la contemplation. Et la suite ne le démentira pas, d’autant que le sujet s’y prête davantage que les étranges amours de Japón et les délires mystico-érotiques de Batalla en el cielo. Ici, Carlos Reygadas plonge dans la vie d’une communauté hors du temps justement. Des mennonites aux croyances et aux traditions figées depuis des siècles. Le tout orchestré dans le respect absolu de Dieu, dans la douceur d’une vie soustraite au chaos de la modernité. Mais le repli sur soi ne protège pas des tentations de la chair. L’esprit ne peut se séparer du corps et la foi d’un tout. Profondément panthéiste à l’instar de Terrence Malick, le réalisateur poursuit la réunion intangible des forces multiples dans les gestes quotidiens, les paysages en suspens et la quête de l’unicité. Avec une lenteur lyrique rare aujourd’hui. Magnifique!

 


17 octobre 2007