The Curious Case of Benjamin Button
David Fincher
par Marco De Blois
Adapté d’une nouvelle de F. Scott Fitzgerald, The Curious Case of Benjamin Button dépeint l’existence d’un homme qui, en 80 années, rajeunit physiquement tout en vieillissant mentalement. Il s’agit d’une idée dramatiquement forte, puisque ce personnage est en mesure de voir venir le moment exact de sa mort, sachant que l’adolescence, puis la tendre enfance le rapprochent du trépas. De plus, à la fin de ses jours, il doit affronter les affres de la sénilité dans un corps prépubère et fragile. Toutefois, le film met aussi malgré lui en évidence les limites du cinéma de fiction dans la représentation de phénomènes biologiques comme le vieillissement et la mort. Brad Pitt joue Benjamin Button sur une période de près de 50 ans. Grâce à un procédé d’un rare raffinement technique, son visage a été numériquement transformé et greffé au corps d’acteurs qui incarnent le personnage à d’autres âges de sa vie. Le film bute sur le défi d’assujettir les effets spéciaux (du numérique aux maquillages) aux exigences du réalisme. En effet, la présence de ce personnage hors du commun, né de l’invention littéraire, repose sur bon nombre de subterfuges cinématographiques fatalement visibles.
Les tourments des personnages apparaissent vraisemblables quand l’âge de Button concorde avec l’âge réel de Pitt (ce qui correspond à environ 45 minutes de film). Son amante (Cate Blanchett) vit avec cet homme qui devient de plus en plus jeune (et de plus en plus beau on n’a pas choisi Brad Pitt pour rien), alors que les signes de la vieillesse s’accumulent sur son corps. Le film gagne alors en émotion. Benjamin Button donne le goût de relire La mort à voir de Gérard Lenne pour comprendre qu’il existe des phénomènes biologiques que le cinéma est incapable d’incarner. En effet, cet auteur avançait que le cinéma ne peut représenter ce qui caractérise fondamentalement la mort, soit l’absence de vie les acteurs peuvent faire croire qu’ils décèdent, mais pas que le sang a arrêté de couler dans leurs veines. Le film soulève indirectement ces questions certes intellectuellement passionnantes à défaut d’émouvoir pendant toutes ses 166 minutes.
7 mai 2009