Un été sans point ni coup sûr
Francis Leclerc
par Pierre Barrette
Francis Leclerc est un réalisateur de grand talent qui a su, grâce à seulement deux longs métrages (Une jeune fille à la fenêtre et Mémoires affectives), se tailler une place enviable dans le paysage cinématographique québécois. Cette réussite précoce rend d’autant plus étonnant son engagement dans le projet d’Un été sans point ni coup sûr, film qui semble du moins au premier abord aux antipodes de la sensibilité particulière du réalisateur. Inspirée du livre de Marc Robitaille, comme l’étaient les Histoires d’hiver prises en charge par François Bouvier en 1999, l’oeuvre oscille entre le film de genre destiné à un public familial ici la comédie sportive, version nostalgique et le récit initiatique. Le problème ne tient pas en soi au choix de la formule, même si celle-ci semble bien usée (combien d’équipes de loosers entraînées par un coach incompétent le cinéma hollywoodien a-t-il mises en scène depuis 25 ans ?) ; la grande faiblesse du film réside dans l’inconsistance entre les éléments d’un scénario qui, du joueur des Expos qui rend visite au jeune héros dans sa chambre aux problèmes conjugaux de ses parents, en passant par le passé mystérieux d’un voisin « étranger », ne trouve jamais le ton qui convient à cette histoire.
Ce que la littérature arrivait à composer grâce au langage la nostalgie, une espèce de candeur à la fois lucide et bon enfant, une complicité du lecteur avec la narration, fondée sur une expérience commune de l’époque se transforme ici en un discours maladroit et bancal, une uvre stylistiquement beaucoup trop appuyée pour la minceur du propos qu’on y tient, une fable souvent moralisatrice, interprétée sans grande conviction par des acteurs pourtant fort talentueux. Un film d’été, quoi, dans son acception malheureusement la plus mince.
4 décembre 2008